Les Européens ont décidé lundi d?enrôler la Turquie et les pays arabes dans leur lutte contre le terrorisme, alors que l'Europe est en état d'alerte après les attentats de Paris et le monde musulman en ébullition contre les caricatures de Mahomet.
"Nous préparons des projets spécifiques à lancer dans les prochaines semaines avec des pays précis pour accroître le niveau de coopération en matière de contreterrorisme", a déclaré la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini.
Elle a cité "la Turquie, l?Égypte, le Yémen, l'Algérie, des pays du Golfe", à l'issue d'une réunion avec les ministres des Affaires étrangères de l'UE, à laquelle avait été convié le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi.
L'UE a aussi décidé une meilleure "coordination" en matière "d'échange d'informations" et de "renseignement", au sein de l'UE mais aussi avec "d'autres pays": de nouveau la Turquie, l'Égypte, les pays du Golfe, mais aussi "l'Afrique du Nord, l'Afrique et l'Asie".
Parmi les "actions concrètes immédiates", Mme Mogherini a cité la présence "d'attachés de sécurité dans toutes les délégations de l'UE dans les pays pertinents", afin d'entretenir des "contacts réguliers entre professionnels de la sécurité et du contreterrorisme".
Elle a récusé tout "deux poids deux mesures", en soulignant que les "premières victimes du terrorisme sont les musulmans et les pays arabes". Elle a plaidé pour le "dialogue et l'alliance pour éviter toute perception d'un choc" des civilisations.
La lutte contre le terrorisme n'est pas seulement "une question militaire ou sécuritaire", a estimé à Bruxelles M. al-Arabi, affirmant qu'il fallait la livrer "au niveau intellectuel, culturel, médiatique, religieux". "C'est cela que nous tentons".
Mais la tension monte dans de nombreux pays musulmans. De nouvelles manifestations ont eu lieu lundi contre la publication d'une nouvelle caricature du prophète Mahomet en une de Charlie Hebdo, cible de l'attentat meurtrier du 7 janvier. Des centaines de milliers de manifestants se sont réunis au pied de la mosquée de Grozny, en Tchétchénie, des islamistes radicaux ont menacé les Français à Gaza, et des drapeaux français ont été brûlés à Jalalabad, dans l'est de l'Afghanistan.
- Menaces de morts -
La coopération en matière de renseignement, le renforcement des contrôles aux frontières de l'espace Schengen, la lutte contre le trafic d'armes ou la création d'un registre commun des passagers aériens (PNR) sont devenus une priorité des dirigeants européens après les attentats meurtriers de Paris.
Les 28 ont ainsi appelé le Parlement européen à "relancer le travail sur le PNR", que les élus européens bloquent depuis 2011 en réclamant des garanties sur la protection des données personnelles.
Ces questions seront discutées par les ministres compétents, ceux de l'Intérieur, le 29 janvier à Riga, et surtout par les chefs d'Etat et de gouvernement le 12 février, lors d'un sommet consacré à la lutte contre le terrorisme.
Plusieurs chefs de la diplomatie de pays de l'UE participeront dès jeudi à Londres à une rencontre organisée en commun par le Royaume-Uni et les Etats-Unis entre pays membres de la coalition contre le groupe Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak.
L?Europe est en alerte. En Allemagne, le manifestation hebdomadaire du mouvement anti-islam Pegida a été annulée à Dresde (est) en raison de menaces de mort proférées par l'EI contre l'un de ses organisateurs.
En France, neuf personnes soupçonnées d'avoir pu apporter un soutien logistique à Amédy Coulibaly, en armes et véhicules notamment, sont en garde à vue jusqu'à mardi soir.
Un Algérien de 33 ans, arrêté samedi à Athènes et soupçonné d'avoir un lien avec la cellule jihadiste démantelée la semaine dernière en Belgique, a aussi été présenté lundi au parquet en vue de son éventuelle extradition.
Mais le chef de la cellule belge, qui projetait des attentats contre des policiers, est toujours en fuite. Il s'agirait d'Abdelhamid Abaaoud, un Belge d'origine marocaine de 27 ans qui a combattu dans les rangs de l'EI en Syrie, selon les médias belges.
Dès samedi, l'armée a commencé à surveiller certains sites sensibles à Bruxelles et Anvers, notamment des ambassades et lieux juifs. Et la police britannique a renforcé ses mesures de sécurité.
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