Poids lourds stoppés, périphériques saturés et zones industrielles bloquées: les routiers en grève ont multiplié lundi les actions coups de poing pour "ralentir" l'économie, à la veille de négociations salariales "très tendues" avec le patronat.
En fin d'après-midi, le trafic était cependant redevenu "fluide sur les axes régionaux" et "sur le réseau francilien", notait Bison Futé, après une matinée mouvementée, notamment dans l'Ouest.
Caen faisait figure d'exception. Lundi en début de soirée, les voitures circulaient toujours au ralenti sur une dizaine de km, l'est du périphérique restant "saturé", selon le centre d'information routière de l'ouest.
"Le patronat a voulu voir, comme au poker. Là, je pense que ça va lui coûter cher", a commenté le patron de la CGT Transports, Jérôme Vérité, jugeant "impressionnante" la mobilisation initiée dimanche soir.
"Agréablement surpris" par l'ampleur du mouvement, Thierry Douine (CFTC) a vanté une journée qui est allée "au-delà de (ses) prévisions" et s'est déroulée "de manière bon enfant".
En fin de journée, les principaux barrages de routes et de sites industriels avaient été levés, comme au port de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), plateforme stratégique en région parisienne.
Les grévistes avaient ciblé le premier port d'Ile-de-France, par où transitent 20 millions de tonnes de marchandises chaque année et "où quasiment tout le pétrole d'Ile-de-France est distribué", selon Pascal Goument (CFTC-GND).
- 'On est des miséreux' -
Près de Nantes, les manifestants ont également levé le barrage qui retenait près de 400 camions dans la zone industrielle de Carquefou, a-t-on appris auprès de la CGT.
Idem au marché de gros de Corbas, à l'est de Lyon. Les grévistes, présents depuis 22h00 dimanche, devraient bloquer un nouveau site dès 5h00 mardi matin, a indiqué Jean-Christophe Debiais, du même syndicat.
Lundi matin, c'est l'ouest du pays qui a mené la fronde, avec des perturbations importantes à Bordeaux, Rennes et surtout à Caen, le "record" avec près de "600 camions" bloqués, selon M. Vérité.
Contactée, la préfecture a évoqué un pic de 410 poids lourds immobilisés à la mi-journée, sur et à proximité du périphérique caennais.
Les manifestants, qui ont reconduit leur mouvement "pour la nuit" selon la police, semblaient avoir gagné la sympathie de leurs collègues non grévistes.
"On est pour le mouvement" même si "on est bloqués", a déclaré Philippe, un chauffeur de 52 ans. "Dans le transport, on est des miséreux. Faut le reconnaître."
"Magasinier, cariste, secrétaire, comptable. Faut tout faire" et pour un salaire de "misère", a renchéri Jean-Charles, 42 ans.
A Bordeaux, plus d'une centaine de camions ont été bloqués le long de l'A63 près de la zone industrielle de Cestas.
Aux abords de Marseille, trois opérations escargots ont ralenti le trafic autoroutier, uniquement dans la matinée.
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