Poids lourds stoppés, périphériques saturés et zones industrielles bloquées: les routiers en grève ont multiplié lundi les actions coups de poing pour "ralentir" l'économie, à la veille de négociations salariales "très tendues" avec le patronat.
En fin d'après-midi, le trafic était cependant redevenu "fluide sur les axes régionaux" et "sur le réseau francilien", notait Bison Futé, après une matinée mouvementée, notamment dans l'Ouest.
"Le patronat a voulu voir, comme au poker. Là je pense que ça va lui coûter cher", s'est réjoui le patron de la CGT Transports, Jérôme Vérité, jugeant "impressionnante" la mobilisation initiée dès dimanche soir.
Selon lui, le mouvement ne cesse de "prendre de l'ampleur", notamment en Provence-Alpes-Côte d'Azur, où les grévistes "sont en train de multiplier les points de blocage".
Mais plusieurs barrages ont été levés au cours de la journée, comme au port de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), la CGT évoquant des problèmes de sécurité.
Les grévistes avaient ciblé cette plateforme stratégique, premier port d'Ile-de-France par où transitent 20 millions de tonnes de marchandises chaque année et "où quasiment tout le pétrole d'Ile-de-France est distribué", selon Pascal Goument (CFTC-GND).
Près de Nantes, les manifestants devaient lever à 16h00 le barrage qui retenait près de 400 camions dans la zone industrielle de Carquefou, a-t-on appris auprès de la CGT.
- 'On est des miséreux' -
Lundi matin, c'est l'Ouest du pays qui a mené la fronde, avec des perturbations importantes à Bordeaux, Rennes et surtout à Caen, le "record" avec près de "600 camions" bloqués, selon M. Vérité.
La préfecture évoquait pour sa part près de 410 poids lourds immobilisés à la mi-journée.
Bloqués depuis plusieurs heures, les routiers semblaient partager les motivations de leurs collègues grévistes.
"On n'est pas en grève, on est bloqués. Mais on est pour le mouvement", a déclaré Philippe, un chauffeur de 52 ans. "Dans le transport, on est des miséreux. Faut le reconnaître".
"Magasinier, cariste, secrétaire, comptable. Faut tout faire" et pour un salaire de "misère", a renchéri Jean-Charles, 42 ans.
A Bordeaux, plus d'une centaine de camions ont été bloqués le long de l'A63 près de la zone industrielle de Cestas.
A Marseille, trois opérations escargots ont ralenti le trafic autoroutier dans la matinée en direction de la ville. Au plus fort de l'action, Bison Futé a relevé 14 km de bouchons sur l'A51 entre Aix-en-Provence et Marseille.
- 'Maintenir les positions' -
La circulation a également été très laborieuse sur la rocade de Rennes, "saturée" dans la matinée, selon le Centre régional d'information routière.
Les grévistes voulaient exprimer leur "ras-le-bol", après deux années sans augmentation collective, a indiqué Christophe Provost (CGT), un des organisateurs du barrage filtrant. "Pour se faire un salaire potable, il faut faire 220 heures par mois, on ne peut pas continuer comme ça", a-t-il dit.
Le mouvement de grogne a été lancé par une intersyndicale CGT, FO, CFTC et CFE-CGC en décembre, après une dernière séance de négociation annuelle obligatoire (NAO) jugée infructueuse. La CFDT, premier syndicat de la branche, s'était mobilisé en décembre, en cavalier seul.
Organisations syndicales et patronales se retrouvent mardi à Paris pour relancer les discussions. Sans grand espoir d'aboutir à un compromis.
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