Dix mois après le décès à l'hôpital du premier malade à avoir reçu un coeur artificiel Carmat, un deuxième malade, transplanté à 68 ans, a pu rentrer chez lui début janvier et mène depuis une vie normale, un succès annoncé lundi par le Pr Carpentier, concepteur de l'appareil.
"Ce malade est un miracle () Le plus incroyable, c'est la qualité de vie et l'autonomie qu'il a retrouvées", souligne le Pr Alain Carpentier dans Le Parisien/Aujourd'hui en France.
Ce deuxième patient, dont l'identité n'a pas été communiquée, a pu quitter le Centre hospitalier universitaire de Nantes le 2 janvier, cinq mois après avoir reçu un coeur Carmat. Il a été équipé d'un dispositif externe portable permettant d'alimenter le coeur artificiel, indique la société Carmat qui a mis au point la prothèse et dont le Pr Carpentier est l'un des fondateurs.
"Il nous a raconté être allé déjeuner sans aucune assistance technique chez son fils à 70 km de Nantes. N'est-ce pas la plus belle démonstration d'une vie normale ?", se félicite le Pr Carpentier, comparant les suites opératoires à "celles d'une greffe cardiaque +ordinaire+".
"Si nous n'avions rien fait, il serait mort depuis longtemps, il n'aurait certainement pas vu ni l'automne, ni l'hiver", a commenté pour sa part sur RTL le Pr Daniel Duveau, qui a réalisé l'intervention le 5 août avec son équipe.
Le tout premier patient implanté à Paris en décembre 2013 avec un coeur Carmat, Claude Dany, 76 ans, avait succombé 74 jours après la pose de l'organe artificiel.
- "J'oublie que j'ai un coeur artificiel" -
Le deuxième patient, photographié en train de faire du vélo d'appartement, ne tarit pas d'éloges, selon le Pr Duveau : "J'ai retrouvé une nouvelle vie, je vais pouvoir faire ce que j'ai envie de faire. Ce qui est formidable, c'est que j'oublie complètement que j'ai un coeur artificiel, je n'y pense pas, je ne le sens pas, je ne l'entends pas () J'ai seulement une petite console, un petit sac avec mes batteries."
D'un poids d'environ 3 kilos, le dispositif externe est relié à la prothèse par un fil à travers l?abdomen du patient. Il contient deux batteries rechargeables ainsi qu'un boîtier de contrôle équipé d'alarmes de sécurité.
Selon Carmat, "c'est le plus léger de tous les dispositifs disponibles pour l?alimentation d?un c?ur artificiel total. Il offre aux patients mobilité et autonomie dans d?excellentes conditions".
Le titre de la société s'est envolé lundi à la Bourse de Paris, gagnant plus de 16% en milieu de matinée.
Comme Claude Dany, le deuxième patient était atteint d'une insuffisance cardiaque terminale, le rendant inéligible à toute greffe cardiaque classique.
Pour la deuxième tentative, "nous avons choisi un malade plus jeune, aux fonctions rénales et hépatiques encore peu atteintes et avec une bonne fonction pulmonaire", reconnaît le Pr Carpentier.
Interrogé sur le décès de Claude Dany, le 2 mars dernier, le Pr Carpentier a cité des "causes multifactorielles" portant à la fois sur un composant électronique de la prothèse "soumis à une contrainte hors norme trop importante" et sur l'état du malade, notamment son âge et des problèmes rénaux plus importants qu'attendus.
Il a ajouté que les spécificités du composant avaient depuis été modifiées, tout comme "la façon d'utiliser la bioprothèse".
D'autres prothèses cardiaques ont déjà été implantées dans le monde. Mais le coeur Carmat est conçu pour remplacer définitivement le coeur défaillant et pas seulement faire patienter un malade en attente de greffe, selon le Pr Carpentier. Il présente également la particularité d'être recouvert à l'intérieur de "biomatériaux" tirés de tissus animaux, afin d'éviter d'avoir à donner au malade des anticoagulants pour empêcher la formation de caillots.
Cet appareil de 900 g, plus lourd qu'un coeur humain (300 g), ne peut pour l'instant être implanté que chez des personnes corpulentes: il est compatible avec environ 80% des thorax d'hommes et 20% de ceux de femmes.
Selon un protocole validé par les autorités de santé, quatre patients doivent être implantés dans le cadre de la série actuelle d'essais pour tester la sécurité de la prothèse.
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