L'armée ukrainienne a affirmé dimanche avoir repoussé avec des chars l'offensive des rebelles prorusses sur l'aéroport de Donetsk, la Russie accusant de son côté Kiev d'avoir refusé une nouvelle médiation.
Après deux jours de violents combats, la pression rebelle sur les positions ukrainiennes à l'aéroport était devenue trop forte. L'armée ukrainienne a donc jeté samedi soir dans la bataille au moins une dizaine de chars pour ouvrir un couloir et permettre l'arrivée de renforts et l'évacuation des victimes.
Les forces ukrainiennes ont "nettoyé presque entièrement l'enceinte de l'aéroport", s'est félicité dimanche le porte-parole militaire ukrainien Andriï Lyssenko. Mais elles n'ont pas franchi la ligne de front établie par les accords de paix de Minsk, donc cette opération "n'est pas une violation de la trêve" instaurée début décembre, a-t-il assuré.
Cette contre-attaque a été suivie de tirs d'artillerie qui ont résonné toute la nuit jusqu'au centre-ville de Donetsk et se sont intensifiés au petit matin, selon des journalistes de l'AFP sur place.
Outre trois militaires tués et 31 blessés en 24 heures (et un quatrième mort dans une autre région), au moins dix civils ont péri dans la région de Donetsk, selon les autorités séparatistes et ukrainiennes.
Les bombardements ont en effet touché plusieurs quartiers résidentiels de Donetsk et le bastion séparatiste ressemblait à une ville fantôme dimanche. Une partie des transports publics ont cessé de fonctionner et les magasins sont restés fermés.
Le président de la "république" autoproclamée de Donetsk Alexandre Zakharchenko a affirmé que cette puissante riposte était "une tentative de Kiev de relancer la guerre".
Par la voix du porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, la Russie -- accusée par l'Ukraine et l'Occident de soutenir les rebelles, ce que dément Moscou -- s'est dite "extrêmement préoccupée du développement de la situation".
Les dirigeants russes ont "fait constamment des efforts de médiation" ces derniers jours, a souligné M. Peskov, indiquant que Vladimir Poutine avait envoyé dans la nuit de jeudi à vendredi une lettre au président ukrainien Petro Porochenko avec "un plan concret pour le retrait de l'artillerie lourde".
"Malheureusement, la partie ukrainienne a rejeté le plan et n'a fait aucune contre-proposition", a poursuivi M. Peskov.
- "Nous allons vaincre" -
"La partie russe est prête à user de son influence sur les rebelles pour les convaincre d'accepter une telle option afin d'éviter les victimes civiles", a ajouté le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
Mais "l'aéroport de Donetsk doit être placé sous le contrôle des rebelles en vertu des accords de Minsk" signés en septembre, affirme-t-il, en appelant à "une cessation complète des hostilités" et à "un retour immédiat à la mise en oeuvre" de ces accords.
A Kiev et dans plusieurs grandes villes du pays, des milliers d'Ukrainiens se sont réunis pour rendre hommage aux plus de 4.800 morts qu'a fait le conflit depuis avril.
Dans la capitale, les manifestants ont défilé dans le centre-ville avant de se réunir sur l'emblématique place du Maïdan, en présence du président Porochenko, du Premier ministre Arseni Iatseniouk et de plusieurs dignitaires religieux.
Ces derniers ont appelé à prier à la mémoire des morts mais aussi pour la victoire sur les rebelles et le retour de la paix.
"Nous allons vaincre. Il y aura la paix en Ukraine. L'occupant sera expulsé du territoire ukrainien", a lancé devant la foule M. Porochenko.
"Ce n'est pas la peine de se défendre longtemps car la défense ne mène pas vers la victoire. Il faut attaquer", a déclaré de son côté l?évêque Volovymyr, de l?Église orthodoxe autocéphale, dissidente du Patriarcat de Moscou et de Kiev, sous les applaudissements.
En référence à la mobilisation internationale sous le slogan "Je suis Charlie" après les attaques terroristes de Paris, la plupart des manifestants arboraient l'inscription "Je suis Volnovakha", du nom d'une localité où 13 civils ont trouvé la mort mardi dans un bus lors de bombardements contre un barrage de l'armée ukrainienne.
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