L'enquête sur les attentats de Paris se poursuit autour d'éventuelles complicités, à l'orée d'une semaine qui sera marquée par plusieurs annonces gouvernementales pour renforcer la lutte antiterroriste dans l'espoir de préserver l'unité nationale des derniers jours.
Neuf des douze personnes interpellées dans la nuit de jeudi à vendredi en région parisienne ont vu dimanche leur garde à vue prolongée de 48 heures. Les trois autres, des compagnes d'hommes en garde à vue, ont été relâchées dès samedi, a appris l'AFP de source judiciaire.
Les enquêteurs s'intéressent donc toujours à huit hommes âgés de 22 à 46 ans et une compagne de l'un d'eux. Ils sont interrogés sur le "possible soutien logistique", armes ou véhicules, qu'ils sont susceptibles d'avoir apporté à Amédy Coulibaly, qui a tué une policière municipale le 8 janvier à Montrouge puis quatre hommes juifs le lendemain dans un supermarché casher porte de Vincennes.
Le lieu d'inhumation d'Amédy Coulibaly, islamiste radicalisé en prison, finalement tué lors de l'assaut de la police, n'avait pas été décidé dimanche. Les frères Saïd et Chérif Kouachi, les jihadistes auteurs de l'attaque qui a fait 12 morts le 7 janvier à Charlie Hebdo, également abattus par les forces de l'ordre, ont été respectivement enterrés vendredi à Reims et samedi à Gennevilliers (Hauts-de-Seine).
Leurs sépultures sont restées anonymes pour éviter qu'elles ne deviennent un lieu de pèlerinage.
Après la communion des premiers jours, quand des millions de personnes se sont rassemblées pour dire "Je suis Charlie" contre le terrorisme et en défense de la liberté d'expression, le pays dévoile aussi petit à petit un autre visage, celui de nombreux Français qui revendiquent, pour des raisons très diverses, ne pas être "Charlie".
- Dix morts contre 'Charlie' au Niger -
A l'étranger, dans le monde musulman, la nouvelle caricature du prophète Mahomet en Une du "numéro des survivants" du journal satirique a provoqué de nombreuses manifestations, souvent antifrançaises voire antichrétiennes. Dix personnes sont mortes et de nombreuses églises ont été incendiées dans des manifestations vendredi et samedi au Niger, pays soutenu par la France dans la lutte contre le terrorisme. Le président nigérien Mahamadou Issoufou, qui a défilé le 11 janvier avec une cinquantaine d'autres dirigeants internationaux et plus de 1,2 million de personnes dans les rues de Paris, a accusé les émeutiers de n'avoir "rien compris à l'islam".
Face à cette colère, François Hollande a invoqué les "valeurs" françaises, au premier rang desquelles la liberté d'expression.
En France, le gouvernement a choisi de réprimer durement tout acte ou message faisant l'apologie des attentats ou de leurs auteurs, en multipliant les procédures judiciaires. Il a aussi lancé une "mobilisation de l'Ecole pour les valeurs de la République", après que de nombreux élèves eurent refusé de se joindre à la minute de silence pour les victimes. La ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem doit faire de premières annonces cette semaine.
D'autres annonces seront aussi scrutées: le gouvernement présente mercredi ses mesures pour renforcer le renseignement après les "failles" révélées par les attentats, perpétrés par des jihadistes français connus, parfois de longue date, par les services. Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve doit proposer un renforcement de la Direction générale de la sécurité intérieure, notamment pour surveiller internet et les réseaux sociaux.
Le Premier ministre Manuel Valls a aussi promis la création d'un fichier des personnes condamnées pour terrorisme ou membres d'un groupe de combat.
Avec ces annonces, le gouvernement espère perpétuer, au moins sur ce terrain, l'unité nationale qui règne depuis les attentats. Bernard Cazeneuve, dont la gestion de la crise est saluée par près de huit personnes sur dix selon un sondage Odoxa pour Le Parisien/Aujourd'hui en France de dimanche, a assuré dans une lettre au président de l'UMP Nicolas Sarkozy que la plupart de ses propositions étaient partagées voire mises en oeuvre par l'exécutif socialiste. En revanche, il a opposé une fin de non recevoir à une proposition phare de l'UMP, l'interdiction de retour en France de jihadistes même s'ils sont français, jugée contraire à la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'Homme.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.