Cinq ressortissants étrangers et une Indonésienne ont été passés par les armes dimanche pour trafic de drogue, des exécutions qui ont provoqué une tempête diplomatique contre l'Indonésie, où la législation en la matière est l'une des plus sévères au monde .
Ces exécutions sont les premières depuis l'arrivée au pouvoir du nouveau président Joko Widodo fin octobre. Les condamnés à mort venaient du Brésil, des Pays-Bas, du Vietnam, du Malawi et du Nigeria.
Une grand-mère britannique de 56 ans arrêtée en 2013 à Bali avec près de cinq kilos de cocaïne est actuellement dans le "couloir de la mort", de même que deux Australiens, tandis qu'un Français attend le résultat d'un recours introduit contre sa sentence de mort.
L'Union européenne avait appelé Jakarta à renoncer à ces exécutions, que le Brésil et les Pays-Bas ont immédiatement condamnées.
La présidente brésilienne Dilma Rousseff est "angoissée et indignée" que Jakarta ait ignoré ses appels répétés à la clémence en exécutant Marco Archer Cardoso Moreira, a dit un porte-parole. "L'application de la peine de mort, qui est de plus en plus rejetée par la communauté internationale, affecte gravement les relations entre nos pays", a-t-il ajouté.
Le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Bert Koenders, a réagi en rappelant provisoirement son ambassadeur après la mort de Ang Kiem Soei, qualifiant les exécutions des six condamnés de "terriblement tristes". "Je suis de tout coeur avec leurs familles", a-t-il ajouté, expliquant que le gouvernement avait tout fait pour que cette affaire trouve une issue plus heureuse.
-Pas de grâce présidentielle-
Les six détenus, qui avaient été condamnés à mort entre 2000 et 2011, ont été exécutés peu après minuit, selon les autorités indonésiennes.
Ils avaient tous été condamnés pour contrebande de drogue, à l'exception du Néerlandais de 62 ans, qui avait été reconnu coupable d'avoir orchestré la production d'ecstasy à grande échelle dans une gigantesque usine.
Tous avaient formulé une demande de grâce, rejetée par le président Joko Widodo.
L?Indonésie avait suspendu les exécutions en 2008, avant de les reprendre en 2013. La législation de l'archipel en matière de trafic de drogue est l'une des plus sévères du monde.
Pour le président Widodo, surnommé Jokowi en Indonésie, la peine de mort est justifiée par le fait que le pays est en "état d'urgence" en raison de la drogue. D'après les autorités, jusqu'à 50 jeunes Indonésiens meurent chaque jour d'avoir consommé de la drogue et le pays compte environ 4,5 millions de toxicomanes. L'Indonésie compte quelque 250 millions d'habitants.
Joko Widodo avait rapidement douché les espoirs des associations de défense des droits de l'Homme qui espéraient que ce président à la réputation de réformiste ferait preuve de clémence en la matière. Mais il a affirmé sans équivoque qu'il n'y aurait aucune possibilité de grâce pour les condamnés à mort dans des affaires de drogue.
Selon les autorités, une vingtaine de détenus au total sont en attente d'exécution.
La France a fait part vendredi de sa "préoccupation" quant au sort de son ressortissant Serge Atlaoui, condamné en 2007 à la peine capitale pour avoir travaillé dans un laboratoire clandestin de production d'ecstasy, près de Jakarta.
Arrêté en 2005, l'homme a déposé un recours devant la Cour suprême, qui ne s'est pas encore prononcée. "La France ne souhaite pas que la peine capitale soit utilisée", a déclaré le ministre français des Finances, Michel Sapin, en visite à Jakarta.
Rupert Abbott, directeur de recherches pour Amnesty International pour l'Asie du Sud-Est et le Pacifique, a regretté "un acte gravement régressif". "Le nouveau gouvernement est arrivé au pouvoir en promettant de faire des droits de l'Homme une priorité, mais l'exécution de ces six personnes viole ces engagements", a-t-il dit.
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