Le pape François devait célébrer dimanche sous la pluie de Manille une messe finale qui pourrait connaître une affluence record, avec des millions de personnes attendues, au dernier jour de son séjour dans ce bastion très pieux du catholicisme en Asie.
Une tempête tropicale, qui a causé la mort samedi d'une volontaire de 17 ans, avait contraint le souverain pontife de 78 ans a écourter son programme dans une région dévastée en 2013 par un super typhon, et le mauvais temps était encore de la partie dimanche.
Mais les Philippins sont habitués aux intempéries. Plus de 80% des 100 millions d'habitants pratiquent un catholicisme extrêmement fervent et des millions de personnes étaient déjà dans les rues de la capitale dès le matin.
"Nous sommes dévoués au pape", a expliqué à l'AFP Bernie Nacario, 53 ans, qui espérait pouvoir trouver une place avec sa femme et ses deux enfants au parc Rizal, où devait être célébrée la messe.
"Le pape est l'instrument du Seigneur et si l'on peut communiquer avec lui, c'est comme parler à Dieu lui-même!", a-t-il ajouté, expliquant que l'arthrite dont il souffre de longue date a subitement disparu. "C'est comme si Dieu m'avait guéri", dit-il.
Le pape argentin devrait faire le plein de fidèles venus de l'agglomération mais aussi de tout le pays. D'après l'Eglise philippine, la messe pourrait rassembler six millions de fidèles, soit davantage que Jean-Paul II en 1995, lorsqu'il avait réuni jusqu'à cinq millions de Philippins.
La messe finale à Rizal Park permettra à François de relancer chacun des thèmes forts des précédentes rencontres qu'il a eu depuis jeudi: il a insisté sur la lutte contre les inégalités et la corruption, une plaie aux Philippines.
Il devrait appeler avec énergie la classe politique riche et catholique, et la hiérarchie de l'Eglise, à s'engager davantage pour les pauvres. Il n'a pas ménagé ses critiques contre le manque de respect des pauvres dans la société philippine.
Le pape devrait également mettre en garde contre le "relativisme" et le matérialisme de la société de consommation à l'américaine alors qu'il a vigoureusement défendu les valeurs traditionnelles de la famille philippines, qu'il voit comme un fondement social fondamental de la société et un rempart contre l'individualisme du chacun pour soi.
-"Pleurer" pour les enfants des rues-
Dans la matinée, devant 30.000 jeunes, François a appelé à la "compassion" pour la souffrance des enfants des rues qui sont victimes de la prostitution et de la drogue, consolant une adolescente qui s'émouvait de leur destin tragique.
Glyzelle Aries Palomar, 12 ans, une jeune fille secourue par une association, a éclaté en larmes quand elle a demandé au pape pourquoi il y avait "si peu de gens qui aident ces enfants qui vivent des choses terribles comme la drogue et la prostitution ?" "Pourquoi Dieu permet-il ces choses, quand les enfants n'ont commis aucune faute ?", a-t-elle lancé.
Lui caressant la tête, ainsi qu'à un autre adolescent venu de la rue, le pape a appelé le monde à "pleurer" pour les enfants victimes. "Avons-nous appris à pleurer pour les enfants qui se droguent, qui endurent la prostitution? Si nous n'apprenons pas à pleurer, nous ne pouvons pas être bons chrétiens", a-t-il martelé, le visage grave.
En attendant, la sécurité est au coeur des préoccupations des autorités philippines, pour ce second périple en Asie du pape après son voyage en Corée du Sud.
Plus de 40.000 soldats et policiers ont été déployés dans l'archipel, constituant des cordons pour laisser ses itinéraires dégagés. Le pape est attaché aux bains de foule et n'a pas voulu rejoindre le Rizal en hélicoptère, comme l'avait fait Jean Paul II en 1995.
Samedi à Tacloban , à 600 km au sud de Manille, François est allé rencontrer les victimes du super typhon Haiyan qui avait fait 7.350 morts ou disparus. Son programme a été écourté mais les 200.000 survivants du typhon qui l'ont écouté dire une messe étaient heureux qu'il ait affronté le mauvais temps pour venir les voir.
Le courant passe entre François et les Philippins. Plus qu'au Sri Lanka, la première étape de son deuxième voyage en Asie, il a été accueilli avec exubérance aux Philippines. L'origine hispanique (argentine) du pape, qui quittera l'archipel lundi matin, trouve des échos dans la culture populaire de cette ancienne colonie espagnole.
Son style chaleureux, ses messages sur les inégalités, sur la dévotion populaire, sur l'importance des liens familiaux, concourent à sa popularité.
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