La puissante milice chiite au Yémen a enlevé samedi le directeur de cabinet du chef de l'Etat dans la capitale Sanaa, portant un nouveau coup à des autorités extrêmement affaiblies dans ce pays déchiré par la violence.
Ces miliciens chiites, dits houthis, contrôlent en grande partie Sanaa depuis septembre et cherchent à étendre leur influence dans d'autres zones du Yémen, où ils se sont heurtés à des tribus locales et des combattants d'Al-Qaïda lors d'affrontements qui ont causé la mort de dizaines de personnes.
Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), basée au Yémen, est la branche du réseau extrémiste considérée comme la plus dangereuse. Elle a revendiqué l'attaque contre le journal satirique Charlie Hebdo, qui a fait 12 morts le 7 janvier à Paris.
Les frères français Saïd et Chérif Kouachi, tués par la police française deux jours après avoir commis l'attentat, se sont entraînés au Yémen avec Al-Qaïda, selon diverses sources.
Samedi à Sanaa, le directeur de la Sécurité nationale yéménite Mohammed al-Ahmadi, a annoncé l'arrestation au Yémen de deux Français liés à Aqpa, sans dire si leur arrestation était liée à l'attaque contre Charlie Hebdo.
La justice française estime, elle, que des "terroristes jihadistes" proches des frères Kouachi se trouvent "actuellement au Yémen et en Syrie".
- Négociations en cours -
Concernant l'enlèvement du directeur de cabinet du président Abd Rabbo Mansour Hadi, le général Ahmadi a indiqué que "des négociations étaient en cours" avec les miliciens chiites pour sa libération.
Dans un communiqué, les houthis ont expliqué avoir enlevé Ahmed Awad ben Moubarak pour éviter "la rupture" de leur accord avec M. Hadi conclu en septembre sous l'égide de l'ONU après leur entrée dans la capitale.
En octobre, les miliciens chiites avaient refusé la nomination de M. Moubarak au poste de Premier ministre et ce dernier avait rapidement démissionné de ce poste.
Selon un témoin et une responsable, la voiture blindée de M. Moubarak a été arrêtée par des houthis à un point de contrôle dans le sud de Sanaa et ils l'ont forcé à monter dans leur propre véhicule.
M. Moubarak est également le secrétaire général du Dialogue national sur la transition politique, un organe créé après la démission en février 2012 du président Ali Abdallah Saleh à la suite de manifestations populaires.
Son enlèvement a eu lieu juste avant une réunion du Dialogue national au cours de laquelle M. Moubarak devait présenter un projet de constitution divisant le Yémen en un Etat fédéral formé de six régions, auquel les houthis sont opposés.
- 'Ordres de l'étranger' -
Au sein du Dialogue national, M. Moubarak défend les intérêts du Mouvement sudiste, qui prône l'autonomie ou la sécession du sud du Yémen, un Etat indépendant jusqu'en 1990.
Après sa démission de la présidence en 2012, M. Saleh est resté président du Congrès général du peuple, le parti largement majoritaire au Parlement et dont est également issu l'actuel chef d'Etat Hadi, même si les deux hommes s'opposent désormais.
M. Hadi, qui dispose notamment de l'appui des Etats-Unis, soupçonne M. Saleh d'avoir favorisé la montée en puissance des miliciens chiites pour saper son autorité.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a imposé en novembre des sanctions à M. Saleh et deux chefs houthis car ils représentent, selon eux, un menace pour la paix et la transition démocratique dans ce pays.
Des sources politiques ont indiqué à l'AFP que des représentants des houthis et du parti de M. Saleh ont claqué la porte d'une réunion dirigée samedi par le président Hadi et portant sur la transition politique, notamment la constitution.
Cité par l'agence officielle Saba, M. Hadi a dit que les problèmes du Yémen "devaient être réglés sans recourir à la violence", accusant certains de recevoir "des ordres de l'étranger", en allusion indirecte au soutien présumé de l'Iran aux milice chiites.
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