Le président François Hollande a défendu samedi les "valeurs" de la France, la "liberté d'expression", face aux manifestations parfois très violentes qui ont continué d'agiter le monde musulman contre la caricature du prophète Mahomet en Une de Charlie Hebdo.
A Paris, l'enquête sur les attentats des 7 au 9 janvier, qui ont tué 17 personnes dont 12 sur les lieux de l'hebdomadaire, se concentrait sur les possibles soutiens logistiques dont ont pu bénéficier les jihadistes.
Les gardes à vue de douze personnes, arrêtées dans la nuit de jeudi à vendredi en région parisienne, ont été prolongées samedi de 24 heures. Elles pourraient l'être de nouveau pour 48 heures dimanche.
Ces huit hommes et quatre femmes sont interrogés sur le "possible soutien logistique" qu'ils sont susceptibles d'avoir apporté - notamment des armes et des véhicules - à Amédy Coulibaly, l'auteur de la prise d'otages sanglante au supermarché casher, selon une source judiciaire.
Selon une source policière, les enquêteurs ont effectué ces derniers jours de nombreuses filatures de personnes repérées à partir d'éléments ADN et d'écoutes téléphoniques dans l'entourage présumé des frères Kouachi - les tueurs de Charlie Hebdo - et surtout de Coulibaly.
Des empreintes digitales ont été retrouvées dans la Renault Scenic qui aurait été utilisée par Coulibaly pour se rendre à l'"Hyper cacher" de la Porte de Vincennes.
L'un des trois auteurs des attaques, Saïd Kouachi, a été enterré vendredi à Reims, où il était installé depuis deux ans. Il a été inhumé dans la nuit, en présence de membres de sa famille, sous surveillance policière. La sépulture est anonyme, pour éviter qu'elle ne se transforme en lieu de pèlerinage. Son frère Chérif devrait quant à lui être enterré à Gennevilliers (Hauts-de-Seine).
- "Unité nationale" -
L'édition des "survivants" de Charlie Hebdo en vente depuis mercredi continue de s'arracher: elle va être réimprimée pour atteindre le record de sept millions d'exemplaires.
Mais dans plusieurs pays musulmans, la Une de l'hebdomadaire satirique, qui croque un Mahomet la larme à l'oeil reprenant à son compte le slogan "Je suis Charlie", passe mal.
De nouvelles manifestations ont eu lieu samedi, notamment au Yémen et au Niger, où la police a lancé des gaz lacrymogènes pour disperser un rassemblement près de la grande mosquée de Niamey. Trois églises ont été incendiées dans la capitale nigérienne, et la contestation s'est étendue dans plusieurs quartiers. Face à ces émeutes, l'ambassade de France à Niamey a appelé ses ressortissants à "éviter toute sortie".
Après la prière du vendredi, plusieurs manifestations avaient déjà eu lieu contre cette nouvelle caricature du Prophète. Elles ont parfois dégénéré. Quatre personnes sont mortes et 45 ont été blessées à Zinder, deuxième ville du Niger.
A Nouakchott (Mauritanie) et Dakar (Sénégal), un drapeau français a été brûlé. Le chef de l'Etat mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a condamné à la fois le "terrorisme" et les "viles caricatures".
Lors d'un déplacement samedi matin dans son fief corrézien de Tulle, François Hollande a rappelé, notamment aux pays "soutenus" par Paris "dans la lutte contre le terrorisme", que la France avait "des principes, des valeurs, et ces valeurs c'est notamment la liberté d'expression". Il a jugé "intolérable" que des drapeaux français soient brûlés, un comportement qu'il entend "punir".
En dépit du traumatisme des attentats, dont la menace a atteint la proche Belgique secouée par le démantèlement jeudi d'une cellule jihadiste, le chef de l'Etat a surtout voulu faire passer le message que "la vie continue".
Samedi, l'heure était encore au front commun gauche-droite dans la lutte antiterroriste: devant de nouveaux adhérents de son parti, le président de l'UMP Nicolas Sarkozy a défendu "le devoir d'unité nationale" face au "fanatisme de l'islam radical" et à la "barbarie jihadiste".
Mais près d'une semaine après la marche historique qui a rassemblé au moins 3,7 millions de personnes dans toute la France, près de huit Français sur dix voient la mobilisation comme "un mouvement ponctuel lié à l'émotion", selon un sondage publié samedi. Et 76% seraient favorables à des "mesures d'exception" quitte à limiter les libertés, selon cette étude Odoxa pour Le Parisien/Aujourd'hui et iTÉLÉ.
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