Charlie Hebdo, qui s'arrache toujours en kiosques, a enterré jeudi le dessinateur Wolinksi et quatre autres victimes de l'attentat contre sa rédaction dans un concert d'hommages, mais sa une sur Mahomet continue d'irriter le monde musulman et le pape lui-même est intervenu dans le débat.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry est arrivé à Paris jeudi soir pour rendre hommage aux 17 victimes de la série d'attentats jihadistes qui a frappé la capitale française la semaine dernière.
Cette visite veut faire oublier un couac majeur entre deux "vieux" alliés, l'absence à haut niveau de Washington à la marche dimanche contre le terrorisme, à laquelle participaient une cinquantaine de responsables étrangers.
Jeudi, responsables culturels, politiques, artistes, amis et anonymes se sont pressé au crématorium du Père-Lachaise pour les obsèques de Georges Wolinski, 80 ans, au lendemain de celles de son ami Cabu.
Sur un chevalet, le croquis d'un couple faisant l'amour, l'un des derniers de ce dessinateur mythique pour toute une génération, pilier de Charlie Hebdo. Et pour accompagner le cercueil, les accords de Miles Davis et de John Coltrane.
La journée a été marquée par une succession de funérailles, celles du dessinateur Tignous à la mairie de Montreuil, de Franck Brinsolaro, garde du corps du dessinateur Charb, de la psychiatre Elsa Cayat, chroniqueuse à Charlie Hebdo, et de l'économiste Bernard Maris.
Vendredi, ce sera le tour de Charb, patron du journal, du dessinateur Honoré et du correcteur Ourrad Mustapha. L'attentat contre l'hebdomadaire a fait douze morts le 7 janvier.
Ces hommages contrastaient avec les critiques suscitées dans le monde musulman par la nouvelle caricature de Mahomet en une du dernier Charlie Hebdo.
Ses fréquents dessins de Mahomet ont fait du journal satirique une cible pour les jihadistes. Al-Qaïda au Yémen a revendiqué l'attentat.
Sans citer le dessin, le pape François est intervenu jeudi dans le débat en déclarant que la liberté d'expression était un "droit fondamental" mais qui n'autorisait pas à "insulter la foi d'autrui", ni à la "tourner en dérision".
Plus inattendu, un ancien de Charlie Hebdo, le chroniqueur Delfeil de Ton, 80 ans, a reproché à Charb d'avoir "entraîné l'équipe dans la surenchère".
Un vice-président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Ahmet Ogras, lié à la Turquie, a jugé "inadmissible" que Charlie Hebdo persiste à caricaturer le prophète, "humiliant 2 milliards de personnes".
A l'étranger, le dessin de Mahomet continuait à provoquer des remous, surtout chez les autorités religieuses musulmanes.
Al-Azhar, principale autorité de l'islam sunnite basée en Egypte, a appelé les musulmans à "ignorer" cette "frivolité haineuse".
Deux pays ont pris officiellement position contre le numéro du journal, le Sénégal, qui l'a interdit, et l'Iran, qui a qualifié la couverture de l'hebdomadaire d'"insultante", tout en condamnant le terrorisme.
En Turquie, le Premier ministre, Ahmet Davutoglu, a aussi dénoncé la publication, jugeant que la liberté d'expression n'était pas "la liberté d'insulter" et la justice turque a interdit la diffusion sur internet de la caricature.
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Aux obsèques de Tignous, la ministre de la Justice Christiane Taubira a, elle, répété qu'en France, "on peut tout dessiner, y compris un prophète" et réaffirmé "le droit de se moquer de toutes les religions".
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