Les parlementaires pakistanais ont dénoncé à l'unanimité jeudi la publication d'une nouvelle caricature "blasphématoire" de Mahomet en Une de Charlie Hebdo sur fond de manifestations contre le journal satirique français, cible d'une attaque islamiste ayant fait 12 morts.
Le Pakistan, deuxième pays musulman le plus peuplé au monde avec près de 200 millions d'habitants, avait officiellement condamné cette attaque en France qui ne cesse de défrayer la chronique au "pays des purs".
Mais au cours des derniers jours, le ton s'est durci, notamment avec une manifestation à Peshawar (nord-ouest) - théâtre le mois dernier d'un attentat taliban ayant fait 150 morts - en hommage aux frères Chérif et Saïd Kouachi, auteurs de l'attaque contre Charlie Hebdo.
Les critiques se sont aussi exacerbées dans la presse en ourdou, plus conservatrice, nationaliste et populaire que les journaux en anglais destinés avant tout à l'élite et la classe moyenne élevée.
De nombreux journaux en ourdou, la langue nationale, ont ainsi dénoncé des "insultes" au prophète Mahomet, un crime passible de la peine de mort au Pakistan en vertu de la loi controversée sur le blasphème.
Au lendemain de la parution du numéro des "survivants" de Charlie Hebdo où Mahomet est dessiné pleurant, les parlementaires ont condamné dans une résolution la publication de "caricatures blasphématoires" par un "journal français" et d'autres journaux des "grandes capitales occidentales".
"L'assemblée pense sincèrement que la liberté d'expression ne signifie pas attaquer ou heurter les sentiments publics et les croyances religieuses", poursuit le texte de la résolution qui dénonce un acte "haineux", "délibéré" et "malicieux".
"Les médias qui ont publié ces croquis devraient être interdits, toutes les copies devraient être confisquées et brûlées", a déclaré le ministre fédéral des Affaires religieuses, Sardar Yousaf.
"Les pays occidentaux et leur société civile devraient identifier ces éléments qui fomentent une conspiration au nom de la liberté de la presse et veulent créer un choc des civilisations" en "jouant sur les sentiments des musulmans", a renchéri le ministre des Transports, Saad Rafique.
- Drapeau français brûlé -
Après l'adoption de la résolution, des députés et employés du parlement ont marché sur l'avenue de la Constitution, où sont situés le siège du gouvernement et l'ambassade de France, en chantant "Allah Akbar" (Dieu est grand) et "nous sommes prêts à servir le prophète Mahomet".
A Multan (centre), des manifestants ont incendié un drapeau français, selon un journaliste de l'AFP sur place.
A Lahore (est), environs 500 imams ont marché du parlement provincial au consulat américain en scandant "mort à Charlie Hebdo", "les amis de la France sont des traîtres", alors que le secrétaire d'Etat américain John Kerry, de passage en début de semaine au Pakistan, était attendu à Paris.
Idem à Quetta (sud-ouest), où environ 1.000 personnes se sont réunies à l'appel d'une petite formation islamiste, alors que la Jamaat-e-Islami (JI), un des deux grands partis islamistes pakistanais, a appelé à des manifestations nationales en marge de la traditionnelle prière du vendredi.
En Afghanistan voisin, les talibans ont condamné la publication d'une nouvelle caricature de Mahomet, sujet de controverse pour de nombreux musulmans, et louangé les auteurs de la tuerie de Charlie Hebdo.
En 2012, le Pakistan avait connu des manifestations sanglantes dans la foulée de la publication de caricatures de Mahomet et surtout de la diffusion du film américain anti-islam "L'innocence des musulmans". Les autorités avaient à cette occasion bloqué l'accès au site de partage de vidéos YouTube sans jamais le rétablir.
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