Wolinski, père du célèbre "roi des cons", et son camarade Tignous, deux des dessinateurs emblématiques de Charlie Hebdo tués dans l'attaque sanglante contre l'hebdomadaire la semaine dernière, sont inhumés jeudi alors que le soutien au journal ne faiblit pas, avec une nouvelle ruée dans les kiosques.
Lors d'une visite très symbolique à l'Institut du Monde arabe (IMA) à Paris, le président François Hollande a souligné que les Musulmans étaient "les premières victimes du fanatisme, du fondamentalisme et de l'intolérance", refusant "les amalgames et les confusions". Des paroles d'apaisement au moment où la caricature de Mahomet, qui s'affiche en Une du dernier Charlie Hebdo, suscite des crispations dans les pays musulmans.
L'IMA a affiché son soutien à l'hebdomadaire satirique en inscrivant sur sa façade, en français et en arabe, en grandes lettres rouges: "Nous sommes tous Charlie", le slogan de la grande manifestation de dimanche contre les attentats, dont les 17 victimes sont, tour à tour, inhumées cette semaine.
Après Cabu, le père du "beauf", enterré mercredi, la sombre litanie se poursuit jeudi avec Wolinski, incinéré au Père-Lachaise, et Tignous, inhumé dans ce même cimetière parisien après une cérémonie à la mairie de Montreuil.
Trois autres victimes de l'attaque sanglante contre Charlie Hebdo, Franck Brinsolaro, le policier qui assurait la protection du dessinateur Charb, la psychiatre Elsa Cayat, chroniqueuse à l'hebdomadaire, et l'économiste Bernard Maris sont également inhumés dans la journée.
Vendredi, ce sera au tour de Charb, du dessinateur Honoré et de Mustapha Ourrad, le correcteur de Charlie Hebdo.
Les Français ont continué à manifester leur solidarité avec le journal en se précipitant de nouveau dans les kiosques jeudi matin pour se procurer le dernier Charlie Hebdo, et beaucoup de marchands se sont très vite retrouvés, comme la veille, en rupture de stock.
Mercredi, près d'un million d'exemplaires s'étaient écoulés en quelques heures.
"Il n'y en aura pas pour tout le monde, il ne m'en reste que quatre", lançait dès 08H00 un kiosquier du 2e arrondissement de Paris à la dizaine de personnes qui attendaient, en biffant les noms de ceux qui avaient réservé la veille.
Le distributeur du journal, MLP, prévoit d'en livrer à nouveau un million par jour jeudi et vendredi, du jamais vu dans la presse française. Au total, le numéro sera imprimé à 5 millions d'exemplaires.
130.000 exemplaires vont être livrés dans une trentaine de pays d'ici jeudi soir.
A Genève, dès 5H30 du matin, les Charlie Hebdo de la gare sont partis en trois minutes, selon le journal la Tribune de Genève.
- Crispations dans le monde musulman -
Grâce aux dons qui affluent de toute part, aux recettes des ventes et aux aides promises par le gouvernement, le journal devrait recueillir plus de 10 millions d'euros. Une assurance-vie pour ce petit magazine sans le sou, qui risquait la faillite il y a peu.
La caricature de Mahomet publiée en Une du dernier Charlie Hebdo a continué à susciter des remous dans le monde musulman. Al-Azhar, principale autorité de l'islam sunnite basée en Egypte, a appelé les musulmans à "ignorer" cette "frivolité haineuse".
En Afghanistan, les talibans ont déploré la publication de nouvelles caricatures, affirmant que l'attaque contre Charlie Hebdo avait "fait justice contre les auteurs de ces actes obscènes".
En Turquie, le Premier ministre islamo-conservateur Ahmet Davutoglu a aussi dénoncé la publication, jugeant que la liberté d'expression n'était pas "la liberté d'insulter". La justice turque a interdit la diffusion sur internet de la caricature du prophète, qu'a cependant reproduite dans sa version papier le quotidien Cumhuriyet, seul journal d'un pays musulman à la publier.
Deux pays ont pris officiellement position contre le journal: le Sénégal, qui a interdit la diffusion de Charlie Hebdo et du quotidien Libération, et l'Iran, qui a qualifié la couverture de l'hebdomadaire d'"insultante", tout en condamnant le terrorisme.
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