Durant le "tsunami" des attentats de Paris, François Hollande et Manuel Valls ont donné l'image d'un tandem soudé et complémentaire, à l'unisson des démonstrations de rassemblement des Français, mais le défi sera désormais de faire perdurer cet "esprit du 11 janvier".
Les enquêtes d'opinion réalisées à la suite du triple attentat en région parisienne sont claires: près de huit Français sur dix jugent "très bonne" ou "plutôt bonne" la façon dont le le président et son Premier ministre ont assuré la "gestion des évènements", selon un sondage Opinionway.
Dans la gestion de la crise, "au-delà des évènements eux-mêmes, qui confortent la ligne Valls, il est très difficile de différencier les deux têtes de l'exécutif tant elles ont fait preuve d'unité ces derniers jours", juge ainsi Yves-Marie Cann, spécialiste de l'opinion à l'institut CSA.
"Plus qu'une unité, une profonde fusion du couple exécutif", loue-t-on à l'Elysée. "Une extraordinaire articulation du duo", renchérit Matignon. "Chacun reprend les mots de l'autre et ce ne sont pas des éléments de langage", assure un conseiller. François Hollande a ainsi repris pour la première fois l'expression "islamisme radical", mardi, déjà employée par Manuel Valls.
"La répartition des rôles s'est faite en avançant dans la gestion de la crise. Hollande savait que la responsabilité politique de la neutralisation des terroristes lui revenait devant la Nation, ainsi que celle de protéger les Français" tandis que Valls a eu une responsabilité plus opérationnelle. "Sa connaissance (en tant qu'ex ministre de l'Intérieur notamment), son autorité et son sang-froid ont été extrêmement utiles", souligne l'Elysée.
Même Le Figaro, habituellement sans pitié à l'égard de la gauche au pouvoir, a estimé que François Hollande avait "su trouver les mots" et que Manuel Valls avait prononcé mardi à l'Assemblée nationale "l'un de ces discours qui font aimer la politique".
- Hollande en "Père-la-Nation" -
Un discours accueilli par une "standing ovation" de tous les bancs, des communistes au FN, et salué y compris à droite ou par des personnes peu suspectes d'être des groupies du "Catalan", comme Cécile Duflot.
Hollande "a été le Père-la-Nation, il a été le rassembleur, dans une posture d'empathie", souligne le politologue Gaël Sliman (Odoxa). Du coup, "Valls a pu être sur un autre registre, celui de la fermeté et de l'autorité", aidé par son expérience d'ancien ministre de l'Intérieur.
Ce climat d'union nationale, cet "esprit du 11 janvier", lorsque près de 4 millions de Français ont défilé dans les rues, la gauche et le PS espèrent désormais le faire perdurer.
"Difficile de dire combien de temps ça va durer. Mais sans doute le regard d'une partie de la population va-t-il changer sur l'exécutif et qu'il y aura donc très clairement un avant et un après", souligne Yves-Marie Cann.
"L?onde de choc provoquée par ces évènements dramatiques va changer beaucoup de choses, même si la politique va reprendre ses droits", pense un proche conseiller du président. "Il devrait y avoir un accord général sur la sécurité. Quant aux sujets sur lesquels s?écharpait la classe politique (loi Macron, réforme territoriale), ils devraient prendre une intensité plus douce. On va voir ce qui est essentiel et ce qui l?est moins", pronostique-t-il.
La balle est aujourd'hui dans le camp de l'exécutif pour prendre des initiatives, "sinon le souffle va retomber", souligne le politologue Stéphane Rozès, président de Cap (Conseils, analyses et perspectives).
Manuel Valls a annoncé mardi un renforcement de l'arsenal législatif pour combattre le terrorisme. Le Parti socialiste a souhaité mercredi un "pacte national de combat contre le terrorisme dans le respect républicain".
L'exécutif a aussi exprimé avec force la "norme républicaine", notamment les deux piliers fondamentaux visés par les attentats que sont la laïcité et la liberté d'expression.
Seul bémol de cette crise: le Premier ministre a sans doute prêté le flanc à une polémique sur la non-invitation de Marine Le Pen à la grande manifestation de dimanche, en appelant l'ex-président Sarkozy et pas la dirigeante du FN.
Mais, se défend l'entourage de Manuel Valls, c'est parce que Jean-Christophe Cambadélis n'arrivait pas à joindre Nicolas Sarkozy - qui refuse comme simple interlocuteur le 1er secrétaire du PS - que le Premier ministre a été contraint de l'appeler.
Pour 70% des sondés toutefois, ces marches "auraient dû être ouvertes aux dirigeants du Front national", selon OpinionWay.
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