Les Français se sont arrachés le numéro de Charlie Hebdo rédigé par les "survivants" et mettant en Une un Mahomet en larmes, une semaine après l'attentat qui a été revendiqué mercredi par Al-Qaïda au Yémen.
En tuant douze personnes dans l'attaque contre le journal mercredi dernier, les jihadistes Saïd et Chérif Kouachi avaient affirmé "avoir vengé le prophète et tué Charlie Hebdo".
Après avoir déjà défilé en masse dimanche pour défendre la liberté d'expression, les Français, bouleversés par la série d'attentats qui ont fait 17 morts à Paris, se sont rués dans les kiosques. A 09H00 GMT, plus aucun exemplaire de ce numéro historique, qui va bénéficier d'un tirage record de cinq millions d'exemplaires cette semaine, n'était disponible dans les 27.000 points de vente du pays.
"Plus de Charlie Hebdo" affichaient à la hâte dès 07H00 GMT sur leurs étals les kiosquiers débordés alors que les clients, dépités, se rabattaient en achetant Le Canard Enchaîné, plus grand journal satirique français qui a reçu des menaces le lendemain de l'attentat contre Charlie Hebdo.
Dans une vidéo mise en ligne mercredi, Al Qaïda au Yémen a revendiqué l'attentat en affirmant qu'elle avait été menée sur ordre de son chef suprême, l'Egyptien Ayman al-Zawahiri. "Des héros ont été recrutés et ils ont agi", a déclaré dans cette vidéo postée sur un site islamiste l'un des dirigeants d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), Nasser Ben Ali al-Anassi.
Devenu un symbole, Charlie Hebdo est réclamé partout, jusqu'en Inde et en Australie. Le journal était diffusé mercredi à 300.000 exemplaires dans plus de 20 pays.
- Condamnation de l'Iran -
Dans une des réactions les plus vives face à la une de Charlie montrant un Mahomet en larmes, alors que la représentation du prophète est proscrite dans l'islam, l'Iran a condamné "le geste insultant" de Charlie Hebdo et estimé que le dessin "portait atteinte aux sentiments des musulmans".
L'Union mondiale des oulémas musulmans, basée au Qatar, a de son côté estimé qu'il n'était "pas sage" de publier de nouveaux dessins du prophète Mahomet, comme l'ont fait mercredi de nombreux journaux dans le monde, par solidarité avec le journal satirique.
La publication de ces dessins "insultants à l'égard du prophète" va "attiser la haine", a aussi jugé Al-Azhar, l'une des plus prestigieuses institutions de l'islam sunnite, basée en Egypte.
Mais en France, les principales organisations musulmanes ont appelé la communauté "à garder son calme" et "respecter la liberté d'opinion".
Tandis que l'enquête se poursuit, notamment pour retrouver d'éventuels complices, plusieurs condamnations pour apologie du terrorisme ont été prononcées ces derniers jours contre des personnes qui avaient salué les attentats de la semaine dernière. L'humoriste controversé français, Dieudonné, a été arrêté mercredi à ce titre.
"La France est en guerre contre le terrorisme, le jihadisme et l'islamisme radical", mais "pas contre une religion", a affirmé mardi le gouvernement français.
Lors d'une émouvante cérémonie d'hommage aux trois policiers tués dans les attaques, le président François Hollande a demandé aux Français de "redoubler de vigilance" face à un danger "au-delà de nos frontières" comme "à l'intérieur".
A l'Assemblée nationale, ovationné debout par l'ensemble de la classe politique, le Premier ministre socialiste Manuel Valls a réitéré la fermeté française et lancé un appel appuyé à la "laïcité", référence cardinale du système français.
Après une minute de silence à la mémoire des victimes, les députés ont entonné tous ensemble l'hymne national - une première depuis 1918 - avant de réserver une ovation aux forces de l'ordre.
Les dirigeants du monde entier "commencent à comprendre" la "menace claire et réelle pour la paix" représentée par "l'islam extrémiste", a fait écho le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, lors des funérailles à Jérusalem des quatre juifs tués vendredi à Paris dans l'attaque d'un supermarché casher.
- Lutte contre l'antisémitisme -
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