Le pape François a demandé mercredi aux responsables sri-lankais de "faire réparation pour tout le mal" commis en trente ans de guerre civile et plaidé pour la liberté de croire dans un pays blessé par les tensions intereligieuses.
Après une messe suivie par une énorme foule sur le front de mer de Colombo, le pape s'est rendu au sanctuaire marial de Madhu, en zone tamoule, lieu symbolique qui fut sur la ligne de front.
Ce sanctuaire, dernière étape marquante de son voyage au Sri Lanka, a accueilli un camp de réfugiés pendant le conflit entre l'armée et la rébellion des Tigres tamouls qui a fait 100.000 morts et dévasté le nord à majorité tamoule.
"Nous demandons, a dit Jorge Bergoglio, la grâce de faire réparation pour nos péchés et tout le mal que cette terre a connu".
"Ce n'est pas facile. Mais c'est seulement quand nous arrivons à comprendre le mal dont nous sommes capables, et auquel peut-être nous avons pris part, que nous pouvons faire l'expérience d'un vrai remords et d'un vrai repentir".
Il a salué "les efforts des Srilankais des deux communautés, tamoule et cinghalaise, pour reconstruire l'unité qui a été perdue".
Le pape, qui avait plaidé dès son arrivée pour la "vérité" sur les massacres commis, avait rencontré deux fois mardi le nouveau président Maithripala Sirisena, qui semble plus disposé que son prédécesseur Mahinda Rajapakse à adopter cette approche. Sirisena a promis une enquête sur les allégations de crimes de guerre commis par l'armée à la fin du conflit.
K. Rajini, venu à Madhu, de religion hindoue, dit être "venu pour recevoir la bénédiction du pape, car je le considère comme un leader spirituel mondial". "Je pense que sa visite va apporter la paix", ajoute-t-il.
- Le premier saint srilankais -
Le matin, sur le front de mer de Colombo, la messe pour la canonisation du missionnaire Joseph Vaz a rassemblé un million de personnes, selon la police, le Vatican parlant de plus de 500.000 personnes.
Venus de tous les coins de l'île, certains portant des matelas et des provisions, catholiques surtout, mais pour certains bouddhistes, ils disaient vouloir "recevoir la bénédiction" papale au passage de sa papamobile découverte.
Pour la première fois, dans une nation de 20 millions d'habitants, les 7% de catholiques ont un saint en la personne de Joseph Vaz, missionnaire venu d'Inde au XVIIe siècle et vénéré pour son aide aux pauvres et malades de toutes les communautés.
Le pape argentin a rappelé le destin original de ce missionnaire, vêtu en mendiant pour se mêler aux catholiques persécutés et qui avait reçu le soutien du roi bouddhiste.
Joseph Vaz a servi les habitants du Sri Lanka "quels qu'ils soient", et l'Eglise, à son exemple, "ne fait pas de distinction de race, de credo, d'appartenance tribale, de condition sociale ni de religion" dans ses écoles, hôpitaux, cliniques, a souligné François.
"La liberté religieuse est un droit humain fondamental", a-t-il martelé, alors que la violence religieuse a progressé récemment au Sri Lanka.
Des groupes nationalistes bouddhistes ont attaqué des mosquées et églises pour dénoncer l'influence, selon eux injustifiée, de ces minorités. Certains chrétiens sont mal vus parce qu'ils soutiennent des enquêtes extérieures sur les crimes de l'armée srilankaise contre les Tamouls.
- 'Intimidations et contraintes' -
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