Le polémiste Dieudonné a été placé en garde à vue mercredi pour "apologie du terrorisme", après avoir écrit sur Facebook qu'il se sentait "Charlie Coulibaly", en référence à l'auteur de la prise d'otage qui a fait quatre morts dans un supermarché casher à Paris.
L'enquête avait été ouverte lundi par le parquet de Paris, au lendemain de la diffusion du message, ensuite supprimé. Mercredi matin, toujours sur sa page officielle Facebook, l'équipe du polémiste a publié quelques photos de la police judiciaire parisienne venant le chercher à son domicile.
"Nous sommes dans le pays de la liberté d'expression? Ce matin, le gouvernement vient d'en fournir la démonstration", a ironisé un avocat de Dieudonné, David de Stefano, jugeant cette interpellation "proprement scandaleuse".
Le message de l'humoriste controversé était apparu dimanche sur Facebook, alors que des millions de Français descendaient dans les rues pour rendre hommage aux 17 victimes des attentats contre la rédaction de Charlie Hebdo, des policiers et des Juifs.
Dieudonné assurait avoir participé à la marche, mais la tournait immédiatement en dérision en la qualifiant d'"instant magique égal au Big Bang qui créa l'Univers". "Sachez que ce soir, en ce qui me concerne, je me sens Charlie Coulibaly", ajoutait-il, associant le slogan de soutien au journal satirique, "Je suis Charlie", au nom du jihadiste Amédy Coulibaly, auteur de la prise d'otages au cours de laquelle quatre Juifs ont été tués à Paris vendredi.
L'interpellation de Dieudonné a suscité de nombreuses réactions parmi ses fans, qui dénoncent sur sa page Facebook une "liberté d'expression sélective". Elle n'est "faite que pour une certaine catégorie de personnes", écrit Julien. Pour Margot, c'est "n'importe quoi", Dieudonné est attaqué comme s'il était "l'ennemi public n°1".
- Adepte des provocations -
Déjà condamné pour propos antisémites, Dieudonné est un adepte de ce type de provocations. Jeudi, il a rendez-vous au palais de justice de Paris, poursuivi au civil par des associations antiracistes, pour une vidéo de 2010 dans laquelle il mettait en cause "la puissance du lobby juif" et appelait à la libération de Youssouf Fofana, condamné pour le meurtre d'Ilan Halimi, jeune juif séquestré, torturé et tué en 2006. Il a été relaxé dans cette affaire sur le plan pénal.
En septembre, le parquet avait ouvert une autre enquête pour le délit d'apologie du terrorisme après la diffusion d'une vidéo où il ironisait sur la décapitation du journaliste américain James Foley par l'organisation État islamique (EI).
Le délit d'apologie du terrorisme peut être puni d'une peine allant jusqu'à cinq ans de prison et 75.000 euros d'amende, mais cette peine peut être portée jusqu'à sept ans et 100.000 euros si les faits ont été commis en utilisant un service de communication au public en ligne.
Depuis plus d'un an, le polémiste a vu les ennuis judiciaires s'accumuler. D'abord dans le viseur du gouvernement, qui est parvenu à faire interdire plusieurs de ses spectacles, fin 2013-début 2014, il est aussi sous le coup d'une demande d'expulsion du théâtre de la Main d'or, où il se produit depuis 15 ans devant des salles pleines.
Cette semaine, plusieurs villes ont aussi demandé l'interdiction de son nouveau spectacle, dont la tournée a démarré en province fin décembre.
Celui qui se veut un héraut de l'"antisystème" fait aussi l'objet d'une enquête sur ses affaires lucratives, notamment la gestion des bénéfices de ses spectacles ou la vente de produits dérivés, liés par exemple à la "quenelle", le geste de ralliement de ses partisans.
Dans ce dossier, il a été mis en examen en juillet pour fraude fiscale, blanchiment de fraude fiscale et abus de biens sociaux. Selon une source proche du dossier, Dieudonné est notamment soupçonné d'avoir minoré ses déclarations de revenus et vis-à-vis de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), qui s'applique aux patrimoines supérieurs à 1,3 million d'euros. Il est également soupçonné d'avoir dissimulé des avoirs au fisc en faisant transférer plus de 500.000 euros, principalement au Cameroun.
Ses avocats ont toujours affirmé que leur client était en règle au niveau fiscal.
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