De nombreux médias ont publié mardi par solidarité la Une du prochain numéro de Charlie Hebdo représentant à nouveau le prophète Mahomet, hormis les journaux de pays musulmans, dont certains y voient une "insulte".
Cette édition doit aussi sortir en arabe, en turc et en anglais, mais elle n'est pas montrée par les grands médias des pays musulmans, certaines interprétations de l'islam interdisant la représentation de Mahomet.
D'autant qu'Al-Azhar, la principale autorité de l'islam sunnite basée en Egypte, a estimé que la Une de Charlie Hebdo allait "attiser la haine".
"Il ne sert pas la coexistence pacifique entre les peuples et entrave l'intégration des musulmans dans les sociétés européennes et occidentales," a ajouté Al-Azhar dans un communiqué.
Même critique depuis l'Iran, où l'islam chiite est la religion officielle. Le site d'information Tabnak (conservateur) estime que Charlie Hebdo "insulte de nouveau le prophète".
En Turquie, pays laïc à 99% musulman, la presse décrit le nouveau numéro sans le reproduire mais, à en croire le rédacteur en chef de Charlie Hebdo, Gérard Biard, l'hebdomadaire "a noué un partenariat avec Cumhuriyet, un journal turc laïc qui va publier et traduire en turc le numéro de demain () et le vendre avec leur journal".
Mais selon un journaliste du quotidien, qui a requis l'anonymat, la direction du Cumhuriyet discutait encore mardi soir des modalités de la publication, mercredi, de "tout ou partie de la version turque du nouveau numéro".
Sur la couverture du numéro réalisé par les "survivants" de Charlie Hebdo à paraître mercredi, le prophète Mahomet est croqué vêtu de blanc, larme à l'oeil, tenant la pancarte "Je suis Charlie", slogan des millions de manifestants qui, en France et à l'étranger, ont défilé pour condamner le massacre du 7 janvier (12 morts).
"Tout est pardonné", titre Charlie Hebdo, qui sera tiré à 3 millions d'exemplaires, contre 60.000 habituellement, et comprendra 16 pages d'humour et d'hommages aux morts de l'équipe.
Aux Etats-Unis, pays qui a inscrit la liberté d'expression dans sa Constitution mais où la satire religieuse est taboue, la plupart des journaux nationaux ont reproduit le dessin du prophète Mahomet, sauf le New York Times, qui publie un article intitulé: "Toujours en deuil, mais avec une nouvelle provocation: Mahomet à la Une", sans montrer la caricature.
Les médias qui ont décidé de la publier justifient abondamment leur choix.
Le Washington Post, qui a relégué le dessin à ses pages intérieures, l'a accompagné d'un texte de sa direction. "Nous n'avons jamais pensé que le simple fait de reproduire une image de Mahomet était une offense", explique le rédacteur en chef du Post, Martin Baron.
Le dessin est aussi paru dans le Wall Street Journal et dans USA Today.
Sur les écrans, la très conservatrice chaîne Fox News a elle aussi reproduit le dessin signé Luz lors d'une émission mardi matin.
Et au plan politique, Marie Harf, porte-parole adjointe du département d'Etat, a assuré que les Etats-Unis apportent leur "soutien absolu au droit de Charlie Hebdo à publier des choses comme cela".
- 'Combat idéologique' -
Dans la plupart des pays d'Europe, les journaux ou sites web reproduisent cette Une. En Grande-Bretagne cependant, The Independent est le seul des grands journaux à la publier dans sa version papier.
Le Guardian la reproduit sur son site web et souligne que "l'éditorialiste survivant du magazine satirique français affirme que cette Une est un appel à pardonner aux terroristes qui ont assassiné ses collègues la semaine dernière".
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