Le Premier ministre, Manuel Valls, a dévoilé mardi, dans un discours vibrant, "des mesures exceptionnelles" pour mieux détecter de potentiels jihadistes, alors que parait ce mercredi un Charlie Hebdo "des survivants" avec une nouvelle Une caricaturant Mahomet.
Dans la soirée, un sondage est venu valider la gestion par l'exécutif de la crise: le président, François Hollande, et Manuel Valls recueillent tous deux plus de 80% d'approbation pour leur attitude depuis la semaine dernière.
Dans la nuit, un autre sondage montrait que 79% des Français trouvaient que le duo de l'exécutif avait été "à la hauteur des évènements". Et 87% se disaient "fiers d'être français" après la mobilisation massive du week-end.
En soutien à "Charlie", la mobilisation populaire devrait à nouveau s'exprimer mercredi dans les kiosques, où sera proposé un numéro de 16 pages de l'hebdomadaire satirique, mettant en Une le prophète Mahomet qui proclame en versant une larme "Je suis Charlie", sous le titre "Tout est pardonné". Il sera tiré à trois millions d'exemplaires (contre 60.000 habituellement) et traduit en anglais, espagnol, arabe, italien et turc alors que près d'un million d'euros de dons ont été recueillis en soutien.
Les survivants du massacre du 7 janvier veulent tenir tête avec ce dessin de Une, reproduit dans de nombreux journaux dans le monde.
Al-Azhar, principale autorité de l'islam sunnite basée en Egypte, a estimé mardi que la publication de ces dessins va "attiser la haine (). Il ne sert pas la coexistence pacifique entre les peuples et entrave l'intégration des musulmans dans les sociétés européennes et occidentales", a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Elle avait déjà dénoncé mardi "une provocation".
Ce Mahomet de Charlie Hebdo est "vachement plus sympa que celui brandi par ceux qui ont tiré" et "c'est un bonhomme qui pleure avant toute chose", ont expliqué mardi les survivants du journal.
L'émotion ressentie lors d'hommages aux victimes mardi matin s'est prolongée à l'ouverture d'une séance spéciale à 15 heures à l'Assemblée, où tous les députés et ministres ont - une première depuis 1918 - entonné la Marseillaise à l'issue d'une minute de silence dans l'hémicycle quasiment plein.
- De nouvelles mesures législatives -
M. Valls, dans un discours de 45 minutes, a dévoilé "des mesures exceptionnelles" mais "jamais des mesures d'exception" mettant en danger l'Etat de droit. Une réponse à ceux qui, à droite, ont évoqué la nécessité d'un "patriot act" à la française, sur le modèle de la législation d'exception adoptée aux Etats-Unis après le 11 septembre.
Le Premier ministre a promis de "régulièrement renforcer" les moyens humains et matériels des services en charge du renseignement intérieur. Il a annoncé la création "avant la fin de l'année" de "quartiers spécifiques" en prison pour isoler les détenus jihadistes afin de prévenir tout prosélytisme. Il a également précisé que le dispositif français en vue de la mise en place d'un système européen sur les échanges des données des passagers aériens serait "opérationnel" en septembre. Ce système dit PNR est actuellement gelé au Parlement européen.
Sur le plan législatif, outre le projet de loi attendu sur le renseignement qui devrait notamment faciliter les écoutes, le Premier ministre a souhaité la mise en place d'un "nouveau fichier" recensant les personnes condamnées pour terrorisme ou "membres d'un groupe de combat".
Il a demandé au ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, des propositions "dans les huit jours" concernant "internet et les réseaux sociaux, plus que jamais utilisés pour l'embrigadement".
Un des principaux décrets d'application de la loi antiterroriste de novembre 2014, qui met en place l'interdiction de sortie du territoire des candidats au jihad et crée une interdiction préventive d'entrée aux étrangers représentant une menace, est à l'ordre du jour du Conseil des ministres de mercredi.
M. Valls a été ovationné par l'ensemble des députés après ce que nombre d'entre eux à gauche comme à droite ont qualifié de "grand discours républicain".
"Jamais, dans l'histoire récente de l'hémicycle, nous n'avions entendu des propos aussi puissants, aussi adaptés à la situation", a même affirmé le vice-président de l'UDI, Yves Jégo.
Mais l'UMP semble hésiter sur l'attitude à adopter, divisée notamment sur des législations d'exception. Le chef de file de ses députés, Christian Jacob, a estimé que si nécessaire, il faudra "restreindre les libertés publiques et la liberté individuelle de quelques-uns". M. Jacob a prôné ainsi parmi diverses mesures "le placement en centres spéciaux de détention ou en prison" de ceux revenant du jihad.
L'Assemblée hésite encore sur la meilleure façon d'enquêter sur les attentats de la semaine dernière, entre une commission composée des seuls députés ou une mission d'information commune avec le Sénat.
Cette séquence politique s'est prolongée en début de soirée avec l'approbation à la quasi-unanimité de la prolongation des frappes aériennes françaises en Irak contre l'organisation Etat islamique, qui ont débuté le 19 septembre, que ce soit à l'Assemblée ou au Sénat, avec toutefois l'abstention des parlementaires des groupes liés au Front de gauche.
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