Manuel Valls a dévoilé mardi, dans un discours vibrant, "des mesures exceptionnelles" censées respecter l'Etat de droit, après une série d'hommages aux 17 personnes tuées dans les attentats et à la veille de la parution de Charlie Hebdo, tiré à 3 millions d'exemplaires.
La mobilisation populaire s'exprimera de nouveau mercredi dans les kiosques où sera proposé un numéro de 16 pages de Charlie Hebdo, mettant en une le prophète Mahomet qui proclame en versant une larme "Je suis Charlie", sous le titre "Tout est pardonné". Il sera tiré à trois millions d'exemplaires et traduit en anglais, espagnol, arabe, italien et turc.
Les survivants du massacre du 7 janvier ont décidé de tenir tête aux terrorisme avec ce dessin de une, reproduit dans de nombreux journaux dans le monde, mais qui a déjà été dénoncé comme "une provocation" par l'instance représentant l'islam auprès des autorités égyptiennes, Dar al-Ifta.
Ce Mahomet de Charlie Hebdo est "vachement plus sympa que celui brandi par ceux qui ont tiré" et "c'est un bonhomme qui pleure avant toute chose", ont expliqué mardi les survivants du journal.
L'émotion ressentie lors d'hommages aux victimes mardi matin s'est prolongée à l'ouverture d'une séance spéciale à 15 heures à l'Assemblée, où tous les députés et ministres ont entonné la Marseillaise à l'issue d'une minute de silence dans l'hémicycle quasiment plein. Une première depuis 1918.
- De nouvelles mesures législatives -
Après des discours du président Claude Bartolone et des dirigeants de groupe, M. Valls, dans un vibrant discours de 45 minutes, applaudi à de nombreuses reprises sur tous les bancs de l'hémicycle, a dévoilé "des mesures exceptionnelles", mais "jamais des mesures d'exception" mettant en danger l'Etat de droit. Une réponse à ceux qui à droite ont évoqué la nécessité d'un "patriot act" à la française, sur le modèle de la législation d'exception adoptée aux Etats-Unis après le 11 septembre.
Le Premier ministre a promis de "régulièrement renforcer" les moyens humains et matériels des "services en charge du renseignement intérieur et la juridiction antiterroriste". Il a annoncé la création "avant la fin de l'année" de "quartiers spécifiques" en prison pour les détenus "radicalisés".
Outre la loi attendue sur le renseignement, le Premier ministre a souhaité la mise en place d'un "nouveau fichier" recensant les personnes condamnées pour terrorisme ou "membres d'un groupe de combat".
Il a demandé au ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve des propositions "dans les huit jours" concernant "internet et les réseaux sociaux, plus que jamais utilisés pour l'embrigadement, la mise en contact et l'acquisition de techniques permettant de passer à l'acte".
M. Valls a de nouveau appelé l'Europe à une plus forte contribution financière aux opérations militaires menées par la France contre le jihadisme au Sahel.
Le Premier ministre a enfin réfuté tout parallèle, fait par certains jeunes et citoyens, entre les journalistes de Charlie Hebdo et Dieudonné, "un prédicateur de la haine" dont les spectacles sont "un affront" aux valeurs de la République.
M. Valls a été ovationné par l'ensemble des députés après son discours. Dans leurs interventions, les différents chefs de groupes politiques avaient joué le jeu de l'unité nationale.
Mais l'UMP semble hésiter sur l'attitude à adopter, divisée notamment sur des législations d'exception. Le chef de file des députés UMP, Christian Jacob, a estimé que si nécessaire, il faudra "restreindre les libertés publiques et la liberté individuelle de quelques-uns". M. Jacob a prôné ainsi parmi diverses mesures "le placement en centres spéciaux de détention ou en prison" pour ceux revenant du jihad.
L'Assemblée hésite encore sur la meilleure façon d'enquêter sur les attentats de la semaine dernière, entre une commission composée des seuls députés, à laquelle tient le groupe UMP, ou une mission d'information commune avec le Sénat.
La séquence parlementaire se terminera en fin d'après-midi avec le vote, à l'Assemblée puis au Sénat, sur la prolongation des frappes aériennes françaises en Irak contre l'organisation Etat islamique, qui ont débuté le 19 septembre.
- Hommage aux policiers, obsèques en Israël -
La journée avait débuté par un hommage dans la cour de la préfecture de police de Paris, sur l'île de la Cité, où François Hollande a salué la mémoire des trois policiers tués. Ils ont été cités "à l'ordre de la Nation" et promus chevaliers de la légion d'Honneur.
Ils sont morts "pour que nous puissions vivre libres", a dit le président pour qui "la menace est "encore là", venue de "l'intérieur" et de "l'extérieur". "Nous devons être intraitables devant l'apologie du terrorisme", a-t-il martelé. Plusieurs lourdes condamnations ont été prononcées ces derniers jours contre des personnes qui avaient salué les actes terroristes de la semaine dernière.
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