L'unité, exprimée par des manifestations sans précédent, s'est prolongée mardi par un hommage solemnel mais chargé d'émotion aux trois policiers tués par des islamistes radicaux et les obsèques de leurs quatre victimes juives en Israël.
La mobilisation populaire pourra aussi s'exprimer de nouveau mercredi dans les kiosques où sera proposé un numéro de Charlie Hebdo, mettant en Une le prophète Mahomet qui qui proclame "Je suis Charlie", sous le titre "Tout est pardonné", et tiré à trois millions d'exemplaires.
Les survivants du massacre du 7 janvier (12 morts) ont décidé de tenir tête aux terrorisme avec ce dessin de Une.
Les principales fédérations musulmanes ont appelé au calme et à éviter les "réactions émotives" avant cette parution.
Cette séquence émotionnelle devait se poursuivre la semaine prochaine - date à préciser, peut-être mardi - avec une cérémonie aux Invalides pour les 17 personnes ayant péri sous les coups de trois jihadistes revendiqués.
Le volet politique s'ouvre cependant avec une séance spéciale à l'Assemblée nationale: recueillement mais aussi présentation par Manuel Valls de la "réponse exceptionnelle" qu'il a promise dans cette crise.
Solennité et larmes : en présence des plus hautes autorités de l'Etat réunies dans la cour de la préfecture de police, sur l'île de la Cité, François Hollande a salué mardi matin la mémoire de Franck Brinsolaro, 49 ans, Ahmed Merabet, 40 ans (morts à Charlie Hebdo) et Clarissa Jean-Philippe, 27 ans, (tombée à Montrouge) cités "à l'ordre de la Nation" et promus chevaliers de la légion d'Honneur.
Ils sont morts "pour que nous puissions vivre libres", a dit le président pour qui "la menace est "encore là", venue de "l'intérieur" et de "l'extérieur". "Nous devons être intraitables devant l'apologie du terrorisme", a martélé le président. Plusieurs lourdes condamnations ont été prononcées ces derniers jours contre des personnes qui avaient salué les actes terroristes de la semaine dernière.
A Jérusalem, au même moment, dans l'immense cimetière du Har Hamenouhot (mont du Repos), près de 2.000 personnes assistaient aux funérailles des quatre juifs tués vendredi dans la supérette casher.
Des proches anéantis, des officiels, des anonymes français et israéliens - Paris étant représenté par la ministre Ségolène Royal, troisième dans le rang protocolaire des ministres - s'étaient rassemblés pour Yohav Hattab, Yohan Cohen, Philippe Braham et François-Michel Saada. Eux aussi ont été faits à titre posthume chevaliers de la légion d'honneur. "L?antisémitisme n'a pas sa place en France," a déclaré Mme Royal. Le président israélien Reuven Rivlin avait auparavant jugé inacceptable que les juifs aient peur de marcher dans les rues d'Europe.
Les obsèques de la plupart des autres victimes devaient avoir lieu dans l'intimité.
- Premières fissures -
Si l'enjeu français, comme l'a dit le Premier ministre, est de ne "pas laisser retomber l'esprit du 11 janvier", référence aux près de quatre millions de manifestants dimanche dans tout le pays, ici et là des fissures sont apparues : Dieudonné se revendiquant "Charlie Coulibaly", du nom du meurtrier de l'Hyper Casher, plus d'une cinquantaine d'actes antimusulmans recensés depuis l'attentat contre Charlie Hebdo, lycéen passé à tabac à Châteauroux, difficultés dans certains établissements scolaires à faire accepter la minute de silence jeudi
Sur le terrain, le nombre de militaires déployés dans le cadre d'un plan Vigipirate maintenu à son plus haut niveau, doit passer de 5.400 lundi soir à 8.500 mardi pour atteindre 10.500 mercredi.
Parallèlement, près de 5.000 policiers et gendarmes protègent les écoles et lieux de culte juifs de France, avec un préfet spécialement chargé par le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, de coordonner la protection de l'ensemble des lieux cultuels, y compris les mosquées.
Manuel Valls, présent à la préfecture, prendra la parole dans l'après-midi à l'Assemblée lors d'une séance spéciale remplaçant les traditionnelles et souvent batailleuses questions au gouvernement.
Ce discours d'une vingtaine de minutes devrait lui permettre de formuler certaines propositions, demandées par le chef de l'Etat, pour apporter "une réponse exceptionnelle" à "une attaque exceptionnelle par sa violence et sa barbarie", dixit le Premier ministre.
Pas question d'un "patriot act" à la française mais il a d'ores et déjà annoncé vouloir améliorer le "renseignement" et "généraliser" l'isolement en prison "des détenus islamistes radicaux".
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