La CGT va-t-elle sortir mardi de la crise ? Le parlement de la CGT examine dans une ambiance électrique la candidature de Philippe Martinez pour succéder à Thierry Lepaon à la tête du syndicat, mais de nombreuses fédérations sont opposées au métallurgiste qui apparait comme le candidat du sortant.
Le Comité confédéral national (CCN, "parlement" de la CGT) est réuni toute la journée à huis clos au siège de la centrale à Montreuil près de Paris. Composé des représentants des 33 fédérations et des 96 unions départementales, le CCN doit élire le nouveau bureau confédéral avec deux tiers des voix.
Moins d'une semaine après la démission de M. Lepaon, contraint de jeter l'éponge après les révélations sur son train de vie, la direction a décidé d'aller vite et a soumis au vote du CCN une nouvelle équipe avec Philippe Martinez à sa tête.
Cet ancien de Renault Boulogne-Billancourt, la cinquantaine, qui dirige depuis 2008 la Fédération des métaux (la troisième de la CGT) apparaît comme le candidat de Thierry Lepaon, puisque le sortant a dirigé la procédure de succession, au grand dam d'une grande partie de l'organisation.
L?intrusion de M. Lepaon dans le processus de désignation et la présence de plusieurs de ses soutiens dans l'équipe proposée risquent de desservir M. Martinez, qui pourtant lui-même avait pris position pour la démission de Thierry Lepaon.
Le peu de délai laissé au CCN pour décider de son choix ajoute à la confusion et au mécontentement.
La fédération des services publics, la première de la CGT (plus de 80.000 adhérents), a décidé "de voter contre" M. Martinez. La fédération de la santé (deuxième), a lundi, contre toute attente, décidé également de s'opposer à la liste. Sa décision a été prise contre l'avis de sa numéro un - Nathalie Gamiochipi, "très proche" de M. Martinez.
- Vote incertain -
En revanche plusieurs autres grandes fédérations - la métallurgie, l'énergie, la Poste, les cheminots - devraient lui apporter leur soutien.
Le résultat reste incertain: le poids des grosses fédérations est prépondérant - puisque le vote est sur mandats - et la majorité des deux tiers n'est pas facile à obtenir.
Le CNN pourrait être amené à se prononcer séparément sur la candidature de Philippe Martinez et celle de son équipe de neuf personnes.
Le vote pourrait avoir lieu en fin de matinée ou dans l'après midi, puisque le premier point à l'ordre du jour est l'examen des nouvelles règles financières de la confédération. Elles sont rendues nécessaires après les dérives des dépenses de M. Lepaon.
Lundi soir, la Commission exécutive (direction élargie) avait accepté de présenter la candidature de Martinez et de son équipe à une courte majorité- 28 voix pour, 18 contre et 6 abstentions. Même si M. Martinez est élu, démarrer avec une majorité étriquée et "contre ceux qui ont permis le départ de Thierry Lepaon serait un handicap terrible pour lui", estime une source interne.
En cas de blocage mardi, les décisions pourraient être reportées à une prochaine réunion du CCN, prévue les 3 et 4 février.
Colette Duynslaeger, 54 ans, numéro un de la Fédération de La Poste, est candidate au poste d'administratrice-trésorière. Cette proche de M. Lepaon brigue une fonction hautement sensible, le précédent titulaire, Eric Lafont, ayant démissionné dans la foulée des révélations sur les dépenses effectuées pour l'ex-numéro un.
Les autres membres proposés pour le nouveau bureau sont Alain Alphon-Layre (Union départementale du Gard), Christine Carlier (UD Nord), Michèle Chay (commerce), Pascal Debay (UD Meurthe-et-Moselle), Virginie Gensel-Imbrecht (numéro un de la fédération de l'énergie), Nathalie Metche-Nickles (services publics), Grégory Roux (cheminots), Philippe Texier (UD Côte d'Or).
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