La CGT va-t-elle sortir mardi de la crise ? Philippe Martinez, patron de la fédération de la métallurgie, est proposé pour succéder à Thierry Lepaon à la tête du syndicat, mais le "parlement" de la centrale qui a le dernier mot, est très divisé et son adoubement reste incertain.
Moins d'une semaine après la démission de M. Lepaon, contraint de jeter l'éponge après les révélations sur son train de vie, la direction de la CGT a décidé d'aller vite, en engageant une procédure de succession qui laisse une large place au sortant, au grand dam d'une grande partie de l'organisation.
Lundi soir, à une courte majorité - 28 voix pour, 18 contre et 6 abstentions - la Commission exécutive (direction élargie) a accepté la proposition faite par un groupe de travail mis en place par M. Lepaon : M. Martinez et une équipe de neuf personnes autour de lui sont proposés pour prendre les rênes du premier syndicat français.
Cet ancien de Renault Boulogne-Billancourt, la cinquantaine, dirige depuis 2008 la Fédération des métaux (la troisième de la CGT, avec plus de 60.000 adhérents).
La décision revient au Comité confédéral national (CCN, "parlement" de la CGT) qui se réunit toute la journée à huis clos au siège de la centrale à Montreuil près de Paris.
Composé des représentants des 33 fédérations et des 96 unions départementales, le CCN doit élire le nouveau bureau confédéral avec deux tiers des voix. Le poids des grosses fédérations est prépondérant - puisque le vote est sur mandats - et la majorité n'est pas facile à obtenir.
- 'Des débats houleux' -
L?intrusion de M. Lepaon dans le processus de désignation et la présence de plusieurs de ses soutiens dans l'équipe proposée risquent de desservir M. Martinez. Le peu de délai laissé au CCN pour décider de son choix ajoute à la confusion et au mécontentement.
"Les débats au CCN seront houleux", prévoit une source interne qui trouve "injuste" une procédure qui "dessaisit" le "parlement" de ses prérogatives. D'ores et déjà, la fédération des services publics, la première de la CGT (plus de 80.000 adhérents), a décidé "de voter contre" M. Martinez, a indiqué à l'AFP une source interne.
Pour cette fédération, M. Martinez "s'est déconsidéré" en acceptant le diktat de Thierry Lepaon.
La surprise est venue lundi soir de la fédération de la santé, la deuxième de la centrale, qui contre l'avis de sa numéro un - Nathalie Gamiochipi, "très proche" de M. Martinez, a pris position contre le métallurgiste. La fédération a refusé une candidature émanant de M. Leapon, selon une source interne qui a confirmé les informations des Echos.
En revanche, d'autres grandes fédérations - la métallurgie, l'énergie, la Poste, les cheminots - devraient apporter leur soutien à M. Martinez.
Mais, même s'il est élu, démarrer avec une majorité étriquée et "contre ceux qui ont permis le départ de Thierry Lepaon serait un handicap terrible pour lui", estime une source interne.
Colette Duynslaeger, 54 ans, numéro un de la Fédération de La Poste, est, elle, pressentie pour le poste d'administratrice-trésorière.
Cette proche de M. Lepaon brigue une fonction hautement sensible, le précédent titulaire, Eric Lafont, ayant démissionné dans la foulée des révélations sur les dépenses effectuées pour l'ex-numéro un.
Les autres membres proposés pour le nouveau bureau sont Alain Alphon-Layre (Union départementale du Gard), Christine Carlier (UD Nord), Michèle Chay (commerce), Pascal Debay (UD Meurthe-et-Moselle), Virginie Gensel-Imbrecht (numéro un de la fédération de l'énergie), Nathalie Metche-Nickles (services publics), Grégory Roux (cheminots), Philippe Texier (UD Côte d'Or).
En cas de blocage des débats mardi, les décisions pourraient être reportées à une nouvelle réunion du CCN prévue début février.
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