Le journal satirique Charlie Hebdo, décimé par un attentat islamiste pour avoir publié des dessins de Mahomet, persiste et signe en Une de son prochain numéro de mercredi en lui faisant proclamer: "Je suis Charlie".
La nouvelle Une de Charlie Hebdo est dévoilée alors que le gouvernement s'est attelé à renforcer la sécurité et préserver le fragile trésor de l'unité au lendemain de la marche historique contre le terrorisme qui a réuni près de 4 millions de personnes dans tout le pays.
Charlie Hebdo représente en couverture un prophète qui pleure, habillé de blanc, et tenant entre ses mains le slogan mondial des manifestants contre l'attentat.
- "Tout est pardonné" -
Au-dessus du dessin, le journal titre "Tout est pardonné", un dessin signé Luz obtenu par l'AFP lundi soir.
Ce numéro dit "des survivants" -- Luz est l'un des rescapés de la fusillade de mercredi -- sera tiré à trois millions d'exemplaires, contre 60.000 habituellement, et vendu dans 25 pays.
La marche en soutien à Charlie Hebdo a constitué une "réponse inouïe, extraordinaire" aux attentats qui ont fait 17 morts, a salué lundi Manuel Valls tandis que l'exécutif annonçait de premières mesures de protection, notamment à destination de la communauté juive.
Ardente obligation pour le gouvernement: éviter de nouvelles tragédies comme celles qui ont coûté la vie à 12 personnes mercredi à Charlie Hebdo, une policière le lendemain à Montrouge et 4 personnes de confession juive dans une épicerie casher vendredi porte de Vincennes.
Les 717 écoles et lieux de culte juifs de France ont été protégés, dès ce lundi, par 4.700 policiers et gendarmes supplémentaires.
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a fait cette annonce devant des parents d'élèves de l'école juive Yaguel Yaacov de Montrouge (Hauts-de-Seine).
C'est près de cet établissement qu'a été tuée une jeune policière jeudi, attaque revendiquée par le jihadiste Amédy Coulibaly, auteur ensuite de la prise d'otages sanglante à l'Hyper Cacher.
En outre l'armée va déployer des moyens sans précédent pour assurer la sécurité du territoire. Le nombre de militaires, qui était de 2.000 dimanche soir sur le terrain, passera ainsi à 5.400 lundi soir, 8.500 mardi et 10.500 mercredi.
Ces renforts iront aussi à la protection des lieux de culte musulmans, a-t-on indiqué Place Beauvau en début de soirée, après l'annonce que plus d'une cinquantaine d'actes antimusulmans ont été relevés depuis l'attentat jihadiste contre Charlie Hebdo mercredi. "Du jamais vu" selon l'Observatoire contre l'islamophobie au Conseil français du culte musulman (CFCM).
Sur le plan législatif, le gouvernement, qui a déjà adopté deux lois antiterroristes en deux ans, a formulé quelques pistes. Manuel Valls a ainsi déjà annoncé vouloir améliorer le "renseignement" en milieu carcéral et "généraliser" l'isolement en prison "des détenus islamistes radicaux".
Autres chantiers que pourrait évoquer Manuel Valls mardi à l'Assemblée: "améliorer" le système des écoutes administratives et judiciaires. Hasard du travail parlementaire, le gouvernement a déjà un "véhicule" législatif à l'approche à travers une loi sur le renseignement en préparation.
De son côté, Nicolas Sarkozy, président de l'UMP, a préconisé lundi des mesures d'interdiction de territoire de Français de retour de jihad en Syrie ou encore l'"encellulement individuel" des jihadistes.
Amédy Coulibaly et Chérif Kouachi, l'un des deux frères auteurs de l'attentat contre Charlie Hebdo, étaient passés par la prison avant leurs attaques mortelles.
Le premier, a dit M. Valls sur BFMTV et RMC, avait "sans doute un complice", la traque "se poursuit", a-t-il ajouté. Quelque 1.400 jihadistes français ou résidents en France sont "concernés" par des départs pour combattre en Syrie et en Irak et 70 y sont morts, a-t-il précisé.
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