Renforcer la sécurité en mobilisant 10.000 militaires, préserver le fragile trésor de l'unité: le gouvernement s'est attelé à ce double défi lundi au lendemain de la marche historique contre le terrorisme.
La marche a constitué une "réponse inouïe, extraordinaire" aux attentats qui ont fait 17 morts, a salué Manuel Valls tandis que l'exécutif multipliait les premières annonces de mesures de protection, visant notamment à renforcer la protection de la communauté juive.
Ardente obligation pour le gouvernement: éviter de nouvelles tragédies comme celles qui ont coûté la vie à 12 personnes mercredi à Charlie Hebdo, une policière le lendemain à Montrouge et 4 clients juifs d'une épicerie casher vendredi porte de Vincennes.
Au sortir d'une "réunion ministérielle sur la sécurité intérieure" à l'Elysée, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a annoncé la mobilisation de 10.000 militaires pour "assurer la sécurité des points sensibles".
Les 717 écoles et lieux de culte juifs en France seront protégés dès lundi, par 4.700 policiers et gendarmes, et des soldats seront envoyés en renfort dans les 48 heures, a annoncé Bernard Cazeneuve, qui a été, comme le duo Hollande-Valls, en première ligne dans la crise.
Le ministre de l'Intérieur a fait ces annonces devant l'école juive Yaguel Yaacov de Montrouge (Hauts-de-Seine). C'est près de cet établissement qu'a été tuée une jeune policière jeudi, attaque revendiquée par le jihadiste Amédy Coulibaly, auteur ensuite de la prise d'otages sanglante à l'Hyper Cacher.
Une préfet sera nommée pour coordonner la sécurité des sites de la communauté juive, a précisé M. Cazeneuve, qui s'est ensuite rendu rue des Rosiers, au centre du quartier juif historique de la capitale, pour inspecter le dispositif de sécurité.
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien, après avoir défilé dimanche à trois mètres du Palestinien Mahmoud Abbas, s'est par ailleurs recueilli sur les lieux de la prise d'otages du supermarché casher.
Autres mesures: Manuel Valls veut "améliorer" le système des écoutes administratives et judiciaires et souhaite généraliser l'isolement en prison des islamistes radicaux, soupçonnés de prosélytisme. Nicolas Sarkozy, président de l'UMP, a préconisé lundi des mesures d'interdiction de territoire de Français de retour de jihad en Syrie ou encore l'"encellulement individuel" des jihadistes.
Amédy Coulibaly et Chérif Kouachi, l'un des deux frères auteurs de l'attentat contre Charlie Hebdo, étaient passés par la prison avant leurs attaques mortelles.
Le premier, a dit M. Valls sur BFMTV et RMC, avait "sans doute un complice", la traque "se poursuit", a-t-il ajouté. Quelque 1.400 jihadistes français ou résidents en France sont "concernés" par des départs pour combattre en Syrie et en Irak et 70 y sont morts, a-t-il précisé.
- 'L'esprit du 11 janvier' -
Le consensus émotionnel autour des 17 morts devrait se prolonger par plusieurs cérémonies.
François Hollande présidera un hommage solennel aux trois policiers tués mardi à 11H00 à la préfecture de police de Paris. Des forces de l'ordre remerciées par la foule tout au long de la marche républicaine.
Il y aura aussi cette semaine un hommage aux Invalides à l'ensemble des victimes des attentats de la semaine dernière.
Une séance spéciale aura lieu mardi à l'Assemblée pour un hommage qui remplacera les souvent batailleuses questions au gouvernement. Le Premier ministre pourrait à cette occasion dévoiler de nouvelles mesures.
Dans les prises de parole lundi affleurait le désir de préserver l'unité qui a fait du 11 janvier un jour historique.
Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, a proposé de rencontrer "l'ensemble des partis républicains" sur les questions de sécurité, plaidant également pour améliorer la "protection des valeurs de la République". "Il ne faut pas que ces deux grandes questions soient l'objet de polémique", a-t-il jugé.
Le président du groupe PS à l'Assemblée Bruno Le Roux s'est prononcé "pour la mise en commun des forces" de l'Assemblée et du Sénat dans le cadre d'une "mission" qui "tire tous les enseignements sur ces attentats". Il doit en discuter avec son homologue UMP Christian Jacob qui a demandé la création d'une commission d'enquête.
Nicolas Sarkozy, qui a estimé que François Hollande "a fait ce qu'il devait faire", a précisément souhaité sur RTL un travail de "lucidité", de "retour d'expérience" mené en commun par le gouvernement et l'opposition.
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