L'ancienne ministre des Affaires étrangères, la conservatrice Kolinda Grabar Kitarovic, a été élue dimanche présidente de la Croatie, à l'issue du second tour de scrutin de l'élection présidentielle, face au président sortant, selon un sondage sortie des urnes présenté par la télévision nationale (HRT).
Mme Grabar Kitarovic, 46 ans, a obtenu 51,4% de voix contre 48,6% pour le social-démocrate Ivo Josipovic, selon ce sondage réalisé à la sortie des urnes par l'institut IPSOS PULS.
Si les résultats officiels attendus plus tard dans la soirée confirment la victoire de Mme Grabar Kitarovic, elle sera la première femme président dans les Balkans élue au suffrage universel.
Dans ce petit pays confronté depuis six ans à une grave crise économique, à l'issue du premier tour il y a deux semaines, M. Josipovic, 57 ans, juriste de formation et compositeur de musique classique, qui briguait un second mandat de cinq ans, devançait de justesse l'ancienne chef de la diplomatie (2005-2008).
Le résultat du premier tour avait porté un coup à M. Josipovic, candidat de la coalition de gauche au pouvoir (SDP), que les sondages donnaient initialement largement favori.
Dans cette ancienne république yougoslave, indépendante depuis 1991 et devenue en 2013 le 28e et dernier en date des membres de l'Union européenne, à 15H30 GMT, soit deux heures et demie avant la fermeture du vote, le taux de participation était de 48,2%, supérieur de 12 points à celui du premier tour.
Les électeurs de ce pays de 4,2 millions d'habitants ont sanctionné le manque de fermeté de M. Josipovic face à l'incapacité de son gouvernement à redresser l'économie.
- Un pays en récession depuis 2008 -
Mme Grabar Kitarovic a promis après avoir voté de s'"attaquer avec audace et détermination à tous les problèmes qui font souffrir le pays".
"Je suis convaincue de ma victoire. Je crois que les citoyens vont choisir le changement pour () le développement, la croissance économique et la stabilité sociale", avait-elle affirmé.
Après le premier tour, le Premier ministre, Zoran Milanovic, avait admis que les piètres performances économiques de son cabinet avaient représenté "un fardeau" pour le président sortant.
La Croatie est en récession quasiment permanente depuis 2008 et la dette publique y représente près de 80% du PIB. Celui-ci devrait de nouveau reculer en 2014, d'environ 0,5%. Le taux de chômage frôle les 20% et un jeune sur deux est sans emploi.
Les conservateurs de la Communauté démocratique croate (HDZ) entendent profiter de cette situation et se replacer sur la scène politique en vue des élections législatives prévues vers la fin 2015.
Les deux candidats se sont engagés à ?uvrer pour redresser l'économie, même si ces attributions ne relèvent pas de la fonction présidentielle. Aux termes de la Constitution croate, le président dispose de pouvoirs limités. Il est le commandant suprême des forces armées et gère en commun avec le gouvernement la politique étrangère.
M. Josipovic était le troisième président de la Croatie depuis son indépendance en 1991. Il avait été élu en 2010 pour son engagement à enrayer la corruption qui mine le pays.
Il s'était également employé à lier son adversaire au gouvernement du HDZ, au sein duquel elle avait été ministre des Affaires étrangères et dont l'ex-Premier ministre et plusieurs ministres sont aujourd'hui condamnés à des peines de prison pour corruption.
Le HDZ avait perdu les précédentes législatives de 2011, affaibli par des scandales de corruption au sommet de l'État et par la situation économique.
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