Aux avant-postes dans la gestion d'une série d'attaques sanglantes, François Hollande pourrait corriger une image dégradée et profiter d'un regain de popularité d'autant plus significatif qu'il s'agit cette fois d'événements intérieurs et non d'une affaire de politique étrangère.
Mais cet effet positif pourrait n'être que "provisoire dès que le retour aux réalités économiques et sociales reprendra le dessus sur la gestion satisfaisante de cette crise", prévient le politologue Jean-Luc Parodi, comme nombre de ses confrères.
Dans l'immédiat, OpinionWay a déjà mesuré dans son baromètre du mois de janvier un gain de quatre points pour la cote de satisfaction de François Hollande, à 25%, a confié en avant-première à l'AFP Bruno Jeanbart.
L'effet pourrait être plus marqué encore dans d'autres enquêtes puisque un quart des personnes interrogées par OpinionWay l'ont été avant l'attentat perpétré mercredi contre Charlie Hebdo. Pour celles qui l'ont été après, le gain est de 5 à 6 points.
"Nous n'avons pas mesuré l'état de l'opinion après le dénouement des prises d'otages de vendredi et surtout, bien sûr, de la marche silencieuse de dimanche", souligne Bruno Jeanbart. Ainsi et à court terme, selon lui, "on peut anticiper clairement une augmentation de la popularité du président".
Tout comme Jean-Luc Parodi, il juge néanmoins "probable que le mécontentement pourrait resurgir très vite et qu'une partie du terrain gagné pourrait être rapidement perdue si la situation économique et sociale n'évoluait pas favorablement".
A une nuance près, là encore, selon l'analyste: "la profonde transformation de l'image d'un président souvent décrit comme mou, faible et indécis, pourrait lui être grandement profitable à plus long terme, dans l'hypothèse d'une reprise économique".
Jérôme Fourquet (Ifop) est sur la même ligne. "Lorsque François Hollande a décidé d'intervenir militairement au Mali en janvier 2013, endossant l'habit d'un chef de guerre, sa cote de popularité avait progressé d'un point, ce qui pouvait paraître très faible mais interrompait tout de même une baisse déjà régulière et significative".
- Pas d'erreur de l'exécutif -
Cette fois, les événements ont "tenu en haleine la France entière d'une manière beaucoup plus spectaculaire avec, en termes de communication, François Hollande à la manoeuvre et non Manuel Valls", son Premier ministre, observe-t-il, anticipant ainsi "une correction de l'image du président".
"S'il n'y a pas de critiques, c'est parce que nous sommes dans un moment d'unité nationale mais aussi parce que ces événements ont été bien gérés par l'exécutif, qu'il n'y a pas eu d'erreur dans les décisions, les discours et les postures", estime encore Jérôme Fourquet. Tout ceci, selon lui, pourrait "contribuer à atténuer les critiques sur l'incapacité du président à trancher et sur son manque d'autorité et de fermeté".
D'une manière plus générale, le politologue constate déjà "un effet direct et évident sur la perception de la menace terroriste et l'approbation de l'intervention française en Irak", sur laquelle le Parlement doit se prononcer mardi.
Mais il anticipe aussi "une adhésion accrue de l'opinion si le gouvernement décidait un renforcement des moyens financiers, humains et juridiques dévolus à la lutte contre le terrorisme, une sorte de +Patriot act+ à la française", dans la lignée de la loi votée au Congrès américain après les attentats du 11 septembre 2001.
Brice Teinturier (Ipsos) relève de la même manière que François Hollande avait jusqu'à présent "quelques actes d'autorité" à son actif, mais dans la sphère internationale, qu'il s'agisse de l'engagement des forces françaises au Mali ou dans le ciel irakien.
Mais cette fois, analyse-t-il à l'unisson, "l'autorité du président sera ressentie de manière d'autant plus forte qu'il s'agit de circonstances internes, dans le domaine régalien et dans des circonstances particulièrement dramatiques".
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