Le Front national, qui s'estime "interdit de séjour" à Paris, manifestera en province "pour la France" à l'appel de sa présidente Marine Le Pen, qui sera elle-même dans le Gard, malgré un refus tonitruant de Jean-Marie Le Pen de se solidariser avec le mouvement "#JeSuisCharlie".
Pour la présidente du FN, la "marche républicaine" parisienne en hommage aux victimes de Charlie Hebdo a été "récupérée par (les) partis".
Elle dénonce depuis plusieurs jours une "exclusion" de son parti, qui n'a pas été invité aux réunions d'organisation de la manifestation. Président, Premier ministre, partis, associations et syndicats ont toutefois appelé "tous les Français" à défiler.
"Le rejet de la barbarie appartient à tous les Français () Nous irons au côté du peuple français () ailleurs que dans le cortège parisien, récupéré hélas par des partis qui représentent ce que les Français détestent: l'esprit partisan, l'électoralisme et la polémique indécente", a déclaré Mme Le Pen dans une vidéo diffusée sur le site du FN.
"Nous irons donc défiler dans nos provinces, là où dimanche la République ne sera pas une valeur qu'on cherche à prendre en otage", a-t-elle poursuivi au lendemain des deux prises d'otages qui ont mis fin, tragiquement, à trois jours d'horreur avec la mort de 17 personnes sous les coups de trois agresseurs eux-mêmes tués.
Accompagnée notamment du député Rassemblement bleu marine du Gard, Gilbert Collard, elle se rendra à 15H00 devant la mairie frontiste de Beaucaire (Gard).
Nombre de cadres du parti d'extrême droite seront dans des capitales provinciales: la députée du Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen à Montauban, les vice-présidents Louis Aliot à Perpignan et Florian Philippot à Metz, le sénateur-maire David Rachline à Fréjus, etc.
D'autres ne manifesteront pas: le trésorier du parti, Wallerand de Saint-Just, s'estime "interdit de séjour" à la marche de Paris où il est implanté. Marie-Christine Arnautu, implantée elle à Nice, n'a pas voulu défiler aux côtés de Christian Estrosi auquel elle s'oppose.
- 'Je suis Charlie Martel' -
Mais des divergences apparaissent autour de l'attitude à adopter sur cet hommage aux caricaturistes de Charlie Hebdo, qui n'étaient pas précisément compagnons de route du FN.
"Aujourd'hui, c'est +nous sommes tous Charlie, je suis Charlie+. Eh bien moi, je suis désolé, je ne suis pas Charlie", a ainsi lancé le co-fondateur du FN Jean-Marie Le Pen dans une vidéo au sujet de ces "ennemis du FN".
S'il se sent "touché par la mort de douze compatriotes", il ne compte pas se "battre pour défendre l'esprit de Charlie, esprit anarcho-trotskyste parfaitement dissolvant de la moralité politique", a-t-il poursuivi.
Pour un bon connaisseur du parti, Jean-Marie Le Pen a voulu dénoncer là une sorte de "chantage affectif". Mais M. de Saint-Just y voit lui "encore une démonstration de ce que Jean-Marie Le Pen ne comprend pas bien la société française actuelle, très compassionnelle et médiatique. Cet espèce de jeu de mots peut choquer, donc moi je ne le fais pas car je fais de la politique".
Alors que tous les partis veillaient à éviter les accusations de récupération politique du drame, M. Le Pen a aussi tweeté vendredi après-midi en pleine prise d'otages un appel à voter pour sa fille.
"Dans le fond, notre mise à l'écart est un hommage qui nous est rendu", veut croire le patriarche.
"Je ne suis pas Charlie du tout, je suis Charlie Martel si vous voyez ce que je veux dire", avait-il dit aussi vendredi, reprenant un slogan de l'extrême droite identitaire et islamophobe.
Alors que nombre de frontistes voulaient initialement participer au défilé parisien, d'autres n'étaient d'ailleurs pas convaincus. Bruno Gollnisch ne participera à aucun défilé.
"12 Français massacrés en plein Paris et certains pensent encore que ce sont des marches qui arrêteront les fous d'Allah", a aussi tweeté mercredi Eric Domard, un conseiller de Marine Le Pen.
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