L'Europe entière s'est donné rendez-vous dimanche à Paris pour une grande "marche républicaine" aux allures inédites, en hommage aux victimes de l'attentat contre Charlie Hebdo, un évènement qui a bouleversé l'opinion publique mondiale.
La chancelière allemande Angela Merkel, le Premier ministre britannique David Cameron, le président du conseil italien Matteo Renzi, le président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy et le président du Conseil européen Donald Tusk entoureront François Hollande dimanche à Paris pour cette manifestation. D'autres dirigeants européens se joindront probablement à eux. Une telle participation de dirigeants étrangers à un rassemblement de ce type est sans précédent.
Le président français a appelé tous les Français à "se lever" dimanche, dans la capitale comme dans les grandes villes du pays, pour "porter ces valeurs de démocratie, de liberté, de pluralisme auxquelles nous sommes tous attachés".
M. Hollande, qui a prévenu que la France n'en avait "pas fini avec les menaces" terroristes, a salué "le courage, la bravoure et l'efficacité" des forces de l'ordre qui ont neutralisé les auteurs de l'attentat de Charlie Hebdo et le preneur d'otages de la porte de Vincennes, ces "fanatiques qui n'ont rien à voir avec la religion musulmane".
Cette traque de plus de cinquante heures après l'attentat a provoqué une immense émotion dans l'Hexagone et à travers le monde. L'intensité ne devrait pas retomber avant dimanche, jour de la "marche républicaine", désormais devenue européenne.
M. Hollande n'a cessé de se montrer en première ligne, de sa venue rapide mercredi sur les lieux de l'attentat jusqu'à l'allocution présidentielle de vendredi soir, suivie par une interview de son Premier ministre Manuel Valls sur TF1.
Vendredi, le chef de l?État a suivi le sanglant dénouement de ces deux affaires depuis son bureau, réunissant à deux reprises la cellule gouvernementale de crise tout en maintenant son agenda initial en recevant notamment plusieurs chefs de partis.
- Affluence historique attendue -
Initialement lancée par la gauche, cette grande "marche républicaine", dont l'affluence pourrait être historique, est désormais co-organisée, entre autres syndicats et associations, par la quasi-totalité des partis politiques, à l'exception du Front National qui a vigoureusement dénoncé cette "exclusion".
Le même jour de cette marche, onze ministre de l'Intérieur européens participeront à une réunion internationale sur le terrorisme organisée par Bernard Cazeneuve place Beauvau, à Paris, et à laquelle le ministre américain de la Justice se joindra.
Cette présence internationale relègue au second plan le débat franco-français sur la participation ou non du FN à ce rassemblement en mémoire de Charlie Hebdo, qui avait fait du parti d'extrême droite une de ses cibles privilégiées.
Marine Le Pen s'est indignée: "Il n'y a plus d'union nationale", a-t-elle dit, tandis que son numéro 2 Florian Philippot a d'ores et déjà raillé une "marche UMPS" rassemblant les "responsables du laxisme actuel".
L'UMP, mais aussi François Bayrou (Modem) et Jean-Christophe Lagarde (UDI) ont défendu la présence du FN -- M. Lagarde appelant cependant Mme Le Pen à "ne pas pleurnicher". Le Parti socialiste s'est quelque peu divisé sur la question, François Lamy (proche de Martine Aubry) estimant qu'il n'avait "rien à faire" dans le cortège, Olivier Faure préférant "n'exclure personne" et le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis tentant la synthèse en appelant à venir "qui veut et se sent concerné".
Après cette grande séquence de deuil national, le débat politique reprendra probablement un tour plus polémique en France. L'encre de la loi de "lutte contre le terrorisme" du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve est encore fraîche après son adoption par le Parlement le 4 novembre. Mais Nicolas Sarkozy a d'ores et déjà appelé son successeur à élever le "niveau de fermeté et de vigilance" et à prendre des "mesures", que François Fillon a dit attendre dès la semaine prochaine. Quant au FN, il se dit le "seul" à dénoncer le "fondamentalisme islamiste".
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