A deux jours de la "marche républicaine" contre la tuerie de Charlie Hebdo, les éditorialistes de la presse quotidienne sont divisés vendredi sur la place qu'il faut donner - ou non - au Front national de Marine Le Pen.
Dans L'Humanité, Patrick Apel-Muller est catégorique: "Le Front national n?y a pas sa place".
En revanche, Le Monde estime que "dans l'épreuve, la France doit se rassembler, faire bloc, rester unie dans la défense de ses valeurs". "Aux formations politiques de se montrer à la hauteur de ce défi lancé à la démocratie", écrit-il.
Dans Le Républicain Lorrain, Philippe Waucampt fait une mise en garde: "Les Français ne retiendront que l?exclusion d?un parti représentant le quart de l?électorat et dont la présidente, du coup, a beau jeu de dénoncer cette preuve manifeste de la collusion UMPS".
D'autant que, comme l'écrit Le Midi Libre (Yann Marec) "c?est donner une nouvelle tribune à un parti qui va s?ériger en paria de la Nation".
Le Journal de la Haute-Marne (Christophe Bonnefoy) prend de la distance avec la polémique: "Pas besoin, en effet, de décréter une union nationale que, de toute façon, on ne peut imposer à quiconque" alors que "depuis deux jours, c'est tout naturellement, et quasiment spontanément, que se manifeste dans un même élan le refus de céder à la barbarie."
Pour Jean Levallois (La Presse de la Manche), "la responsabilité première est celle de l'unité du pays" mais l'unité "du peuple, qui a compris, tout soudain, la gravité du moment, l'enjeu de la nécessaire lutte contre le terrorisme et la solidarité face à l'agression."
Dans La Dépêche du Midi, Jean-Claude Souléry se réjouit aussi "que les Français, ou, du moins, une bonne partie d?entre eux, aient réagi aussi spontanément face au défi terroriste."
Mais prévient Michel Urvoy (Ouest-France), "l?unité, pour durer davantage qu?une émotion éphémère, a ses exigences".
Dans La Voix du Nord, Hervé Favre approuve: "La meilleure réponse à apporter aux assassins de nos confrères est de manifester dimanche entre citoyens français, en laissant les opinions politiques et les religions à la maison".
Pour autant, nous dit Dominique Garraud (La Charente Libre) à propos des militants du FN, "rien ne leur interdit de se joindre à la marche de dimanche".
Pour conclure, Jacques Camus (La Montagne - Centre France) écrit que "la tragédie qui vient de se produire rend dérisoires les criailleries politiciennes ordinaires, et imposerait () plus de volonté consensuelle."
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