"Je donnais un cours quand j'ai appris la nouvelle", relate la prof de dessin Sarah Fouquet, au lendemain de l'attentat qui a coûté la vie à 12 personnes, mardi 7 janvier à Paris. Comme nombreux de ses confrères, elle connaissait, de près ou de loin, les membres de l'équipe de Charlie Hebdo "Tous les étudiants ont une pratique ponctuelle du dessin de presse en arrivant dans le département de design graphique. Ils connaissaient, au moins de nom, la plupart des dessinateurs victimes de ces attentats. Nous souhaitions inviter Cabu prochainement... J'ai eu l'occasion d'organiser une exposition il y a trois ans à Paris avec Tignous, comme de mener une table ronde avec Honoré, que j'admirais tout particulièrement. J'ai rencontré Wolinski ou Coco (la dessinatrice Corinne Rey, qui a réchappé au carnage NDLR)."
Le métier a beaucoup évolué depuis quelques années, constate Sarah Fouquet. L'autocensure s'est développée, et dessinateur de presse est aujourd'hui "une profession rare et fragile".
Quel renouveau ?
“C’est surtout le regard des gens qui doit évoluer. Auparavant, nous considérions la liberté d’expression comme acquise. Ce n’est plus vrai depuis des années, à cause de ces menaces notamment. Ce qui me préoccupe, c’est que l’on pratique peut-être assez facilement l’auto-censure, car on a le luxe de ne pas subir la véritable censure. C’est sournois, car c’est une forme de censure par l’opinion qui nous entoure, des gens que l’on entend dire : “ils sont allés trop loin”. Depuis quelques années, il y a quelque chose dans l’air, une sorte de censure “sociétale”", estime aussi Sarah Fouquet :
Autocensure
"Le dessin de presse traverse toutes les cultures, il n'est pas contrôlable. C'est une force, mais c'est ce qui effraie les gens de pouvoir."
Incontrôlable
“Il faut que ces prochains temps soient intéressants et productifs. On a l’impression de se sentir utile quand on fait une image... Cette pratique, dejà fragile, ne doit pas s’interrompre, même ponctuellement. Le métier va continuer, mais il n’existe pas tant de dessinateurs que ça. Peut-être faut-il faire renaître cette pratique...”, conclut la jeune femme.
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