Minute de silence dans les services publics et les écoles, métros et bus à l'arrêt, ventes interrompues dans des commerces, cloches sonnant le glas: la France s'est recueillie jeudi en mémoire des victimes de l'attaque de Charlie Hebdo.
"Charlie sera libre!": quelques minutes avant midi, le cri d'une femme brise le silence d'une foule de plusieurs centaines de personnes rassemblées sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame à Paris, devant des journalistes du monde entier.
Larmes sur les joues, yeux fermés, réunis en cercle pour prier, la foule se fige au son du glas, qui sonne une vingtaine de minutes.
"Quand on attaque la presse, on attaque la liberté. C'est le pays de Voltaire, de Zola Il faut se battre pour la liberté d'expression", dit Jean-Paul Doussin, un vieux monsieur qui s'est découvert, le béret à la main, malgré la pluie drue qui tombe sur son crâne.
Pendant que le pays se figeait pour cet hommage aux victimes, la traque des deux auteurs de l'attaque se poursuivait dans un climat pesant, les fausses alertes se multipliant.
Face au choc de l'attentat qui a fait douze morts, François Hollande avait annoncé une "journée de deuil national", mesure rarissime en France.
Le président, l'air grave, a observé la minute de silence à la préfecture de police de Paris, au côté d'une centaine de policiers en tenue.
Dans tous les établissement scolaires, les élèves ont observé une minute de silence.
Gare Saint-Lazare, un message appelle au recueillement avant un coup de sifflet qui retentit à midi: des centaines de personnes s'arrêtent de marcher et restent immobiles. Au Palais de justice de Paris, plus d'un millier d'avocats, magistrats et fonctionnaires se retrouvent dans la salle des pas perdus.
Les transactions commerciales ont été interrompues lors de la minute de silence dans de grandes enseignes. Et le concessionnaire autoroutier Sanef devait afficher "Nous sommes tous Charlie" sur ses panneaux toute la journée.
- A la Réunion 'nou lé Charlie' -
A Toulouse, plusieurs milliers, dont beaucoup pointaient des stylos vers le ciel, ont observé de longues minutes de silence, conclues par une salve d'applaudissements suivie d'une Marseillaise.
"Je suis choquée, en colère, triste et je trouve que nous ne sommes pas assez nombreux aujourd'hui", témoigne difficilement Clara, 52 ans, submergée par l'émotion.
Dans la cour de la préfecture à Lyon, Solange, 58 ans, veut rendre hommage "aux dessinateurs de notre jeunesse". "La guerre est déclarée depuis un certain temps", souligne près d'elle Jean-Luc, 58 ans, qui craint d'autres attentats.
A travers la France, plusieurs événements festifs ont été annulés, comme l'installation officielle de la Métropole de Toulouse ou certaines cérémonies de v?ux.
Dans l'est parisien, à 300 mètres du siège endeuillé de Charlie Hebdo, des enfants croisés le matin sur le chemin de l'école demandent: "Est-ce qu'ils ont été arrêtés?"
"Il faut expliquer ce qui s'est passé, on leur dit qu'il y a des méchants qui ont fait du mal, et que la police va les arrêter", dit Hervé Roch, père de deux enfants.
Angoissée, Sarah, douze ans, ne voulait pas aller au collège. Sa mère a exceptionnellement décidé de l'accompagner. "C'est important qu'elle y aille Si on se met à avoir peur, on leur donne raison."
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