"Il ne faut pas avoir peur, ne pas leur donner raison". Au lendemain de l'attentat contre le journal satirique Charlie hebdo qui a fait douze morts, la France se réveille hébétée, en deuil national, et doit retourner à la crèche, à l'école, au travail.
Dans l'est parisien, à 300 mètres du siège endeuillé de Charlie Hebdo, des enfants croisés sur le chemin de l'école demandent "est-ce qu'ils ont été arrêtés?".
"Il faut expliquer ce qui s'est passé, on leur dit que y'a des méchants qui ont fait du mal, et que la police va les arrêter", déclare Hervé Roch, père de deux enfants de neuf et quatre ans.
Rose et Inès, deux collégiennes de treize ans, ont "peur de passer près de là". Lorsqu'elles arrivent à hauteur de la rue Nicolas Appert, où se trouve le siège du journal, elles détournent les yeux, effrayées : "on se sent pas en sécurité, il fait nuit, y'a personne", ignorant les dizaines de policiers encore devant l'entrée. "Les tueurs sont encore en liberté".
Même angoisse pour Sarah, douze ans, qui ne voulait pas aller au collège. Sa mère a exceptionnellement décidé de l'accompagner. "C'est important qu'elle y aille Si on se met à avoir peur, on leur donne raison".
"En me réveillant, je n'y croyais pas, c'était comme un cauchemar", raconte Anne-Laure Roserat, une institutrice du quartier. L'enseignante se rend à une cellule psychologique organisée par l?Éducation nationale "pour nous aider à en parler: les enfants ont peut-être vu ou entendu des choses".
Dans le nord-est de Paris, les parents ne peuvent accéder à la crèche Truffaut par l?accès habituel, et doivent emprunter une autre entrée, surveillée par un vigile. Sur la porte, une affichette : "soyez vigilants ! Pour la sécurité des enfants, veillez à ce que la porte se referme bien, après vous et ne laissez pas entrer des personnes inconnues".
"Nous avons reçu des consignes () mais il est certain que si quelqu'un arrive avec une mitraillette on ne pourra pas faire grand-chose?", indique une directrice d'école maternelle dans le 17e arrondissement de Paris.
Dans le IXe arrondissement, à l'école maternelle Grande Batelière, les enfants ont été rassemblés dans la cour, pour "une prise de parole". Les parents étaient invités à se disperser et à ne pas s'attarder devant l'école.
- Hommage silencieux -
A Saint-Germain-en-Laye, dans les Yvelines, une mère a discuté avec ses enfants de l'attentat, préférant qu'ils l'apprennent par leurs parents et pas dans la cour de récré "où les choses peuvent être déformées".
Une autre mère a préféré ne rien dire: "ils sont petits, j'avais peur de ne pas trouver les mots. J'espère que la maîtresse va le faire".
A Nantes, un jeune homme, portant un tee-shirt noir sur lequel il a peint en lettres blanches "Je suis Charlie", se recueillait jeudi matin sur la Place Royale. En larmes devant des dizaines de bougies éteintes et des fleurs laissées au bord de la fontaine, où trônent des pancartes où est écrit "Je suis Charlie", il lâche "ils ont voulu tuer Charlie Hebdo, mais ils l'ont rendu immortel".
Face au choc "d'un attentat terroriste", François Hollande a annoncé une "journée de deuil national", mesure rarissime en France. Les drapeaux seront en berne pendant trois jours et une minute de silence sera observée à midi dans les services publics et les écoles. Le président de la République y participera à la Préfecture de police de Paris.
Au même moment, une cérémonie d'hommage et de recueillement aux victimes de l'attaque se déroulera dans la cour d'honneur de l'Assemblée nationale.
Dans le métro parisien, les haut-parleurs annoncent déjà l'arrêt du trafic des rames de métro, bus et RER à midi, tandis que plusieurs cathédrales feront sonner le glas, dont Notre-Dame-de-Paris, au même moment.
Sur les réseaux sociaux ou par texto, certains appelaient à une opération "bougie aux fenêtres" jeudi soir pour donner un "message de paix, pour la liberté".
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