Les autorités de Hong Kong ont lancé mercredi une seconde vague de consultations sur l'élection du futur chef de gouvernement dans l'ancienne colonie britannique mais le mouvement prodémocratie n'a guère l'espoir de voir aboutir ses exigences de suffrage universel véritable.
La situation politique est tendue dans le territoire passé sous tutelle chinoise en 1997, après plus de deux mois de manifestations à l'automne pour réclamer que le futur chef de l'exécutif soit librement élu en 2017. Des dizaines de milliers de personnes étaient descendues dans la rue et des quartiers entiers avaient été occupés avant que les autorités ne démantèlent les campements en décembre.
La Chine a accepté le principe du suffrage universel pour la première fois dans l'histoire du territoire. Mais seuls deux ou trois candidats pourront se présenter à l'élection et ceux-ci devront avoir reçu l'aval d'un comité loyaliste, ce qui garantit, aux yeux du mouvement prodémocratie, l'élection d'un candidat inféodé à Pékin.
Une vingtaine de parlementaires prodémocratie portant des parapluies jaunes -- accessoire de protection des manifestants contre la police, devenu l'emblème du mouvement -- sont sortis de la salle des débats du Conseil législatif (le Parlement local) où le gouvernement venait de présenter un document contenant ses dernières propositions.
Ce document doit être mis en ligne pour que les citoyens puissent y aller de leurs commentaires.
"Nous voulons le suffrage universel", ont scandé les parlementaires tandis qu'aux abords du Conseil, partisans du gouvernement et de l'opposition s'invectivaient.
"Nous appelons (le gouvernement) à ne pas perdre encore deux mois à faire quelque chose qui est voué à l'échec", a dit le député Alan Leong, du Parti civique. Les militants progouvernement l'ont aussitôt qualifié de "caniche" de l'Occident.
Un premier cycle de consultations sur l'avenir des réformes électorales s'est tenu en mai entre le gouvernement hongkongais et des représentants de la société civile et politique.
- "Exercice de propagande" -
Il s'agit essentiellement pour cette seconde vague d'émettre des propositions spécifiques sur la composition du comité de sélection des candidats au poste de chef de gouvernement.
Il s'agira de la dernière consultation officielle de l'opinion publique avant que des propositions définitives sur la réforme électorale ne soient soumises au vote du Conseil législatif.
Les autorités ont évoqué un processus "historique" mais le mouvement prodémocratie ne croit guère à une véritable volonté de négociation du gouvernement, d'autant que celui-ci a remis mardi aux autorités chinoises un rapport sur les manifestations qui est loin à ses yeux de refléter la réalité des aspirations démocratiques de Hong Kong.
La numéro deux de l'exécutif local, Carrie Lam, a d'ailleurs prévenu mercredi qu'il était "irréaliste d'imaginer infléchir la position de Pékin". "Si le texte n'est pas adopté, la démocratisation de Hong Kong sera repoussée () à 2022", a-t-elle dit.
Dénonçant un "exercice de propagande à grande échelle", les députés prodémocratie ont d'ores et déjà fait savoir qu'ils voteraient contre la réforme électorale si le processus de sélection des candidats n'était pas abandonné.
Pour être adoptée, la réforme doit recueillir deux tiers des voix des députés. Certains militants prodémocratie ont dit qu'ils préféraient renoncer au suffrage universel pour 2017 si le scrutin n'est pas totalement libre.
L'analyste Sonny Lo estime qu'il est trop tôt pour se prononcer sur le sort qui sera réservé à la réforme mais juge que certains députés pourraient être poussés par l'opinion publique à voter pour. "Les gens sont pragmatiques à Hong Kong, la plupart veulent un débat harmonieux sur la réforme politique."
En attendant, le chef de l'exécutif Leung Chun-ying a mis en garde contre de nouvelles manifestations, prévenant que les "opérations coercitives qui sont illégales ou perturbent l'ordre social" n'étaient pas de nature à influencer le gouvernement.
Hong Kong bénéficie d'une large autonomie et il y règne une liberté d'opinion et d'expression inconnue en Chine populaire.
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