Pâle et mal assuré, Djokhar Tsarnaev affronte depuis lundi les jurés potentiels au tribunal fédéral de Boston. Il n'a pas dit un mot mais beaucoup n'arrivent pas à détacher leur regard de l'accusé du carnage du marathon, qui à 21 ans risque la peine de mort.
Après son arrestation le 19 avril 2013, la photo de son visage adolescent à la tignasse rebelle avait fait le tour du monde.
La chevelure sombre est la même, mais le visage s'est creusé, comme figé, après les graves blessures datant de son arrestation. Et en prison, Djokhar Tsarnaev s'est laissé pousser une petite barbe, qu'il caresse régulièrement.
Chaque matin, chaque après-midi, le jeune musulman d'origine tchétchène, naturalisé Américain en 2012, entre dans la salle de sélection des jurés avec ses cinq avocats.
Silhouette frêle en tenue de ville, pantalon et pull camionneur porté sur une chemise, il s'assied entre ses deux avocates femmes, à droite du juge.
Auteur présumé des attentats les plus graves aux Etats-Unis depuis le 11-Septembre, il écoute en silence le juge George O'Toole, qui fait les mêmes recommandations à chaque nouveau groupe de 200 à 250 jurés potentiels.
Il ne montre aucune réaction quand le magistrat leur explique que Tsarnaev risque la peine de mort, pour les attentats du marathon qui avaient fait trois morts et 264 blessés le 15 avril 2013, ainsi que pour le meurtre d'un policier trois jours plus tard.
Djokhar Tsarnaev n'est pas menotté, n'a pas les pieds entravés. Il parle très peu avec ses avocates. Quand le juge lui demande de se lever pour se présenter, il le fait mécaniquement, se rassied ensuite. Le premier jour, il semblait ne pas vouloir regarder les jurés potentiels qui lui font face, concentrant son regard sur le sol ou sur le magistrat.
- Regard hésitant -
Lors des sessions suivantes, il semblait un peu plus assuré. Mais régulièrement, il se touche les cheveux, se frotte les mains, remet son col de chemise, caresse sa barbiche, penche la tête. Son regard hésite, se concentre sur le sol, sur le juge, sur ses pieds
Il est détenu, quasi à l'isolement, à la prison hôpital de Fort Devens, à 70 km de Boston (nord-est des Etats-Unis), et sa pâleur en témoigne. Ses parents, retournés en Russie avant les attentats, ne sont apparemment jamais venus le voir. A part ses avocats, les seules visites autorisées, sous surveillance, sont celles de ses soeurs, sans aucun contact physique. Le téléphone est limité à sa famille immédiate, écouté par le FBI. Il peut écrire une seule lettre par semaine, là encore à sa seule famille.
Au moment des attentats, il était étudiant à l'université du Massachusetts à Dartmouth, à 90 km au sud de Boston, apparemment bien intégré. Fumeur occasionnel de marijuana, aimant la fête et son chat, conduisant sa voiture, et tweetant joyeusement les détails de sa vie quotidienne. Sans guère faire état de convictions religieuses.
Il était arrivé avec sa famille aux Etats-Unis en 2002. Père d'origine tchétchène, mère du Daguestan. Avant d'arriver à Cambridge, près de Boston, la famille vivait au Kirghizistan, en Asie Centrale.
"Jahar" est accusé avec son frère Tamerlan, 26 ans, décédé depuis, d'avoir fabriqué les bombes qui avaient endeuillé le marathon en s'inspirant d'une revue d'Al-Qaïda.
Il avait écrit sur la paroi du bateau où il a été retrouvé grièvement blessé: "Le gouvernement américain tue nos civils innocents. () Nous, musulmans, sommes un seul corps () Arrêtez de tuer nos innocents et nous arrêterons".
La première étape de la sélection des jurés se termine mercredi. Elle reprendra en fin de semaine prochaine. Si elle est finalisée à temps, le juge espère ouvrir les débats autour du 26 janvier.
Le procès doit durer de trois à quatre mois. Et il reviendra aux jurés de décider entre réclusion à perpétuité et peine de mort, pour celui dont le dernier tweet, deux jours après les attentats, avait été : "Je ne suis pas un mec du genre à stresser".
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