Le tribunal de commerce de Coutances a placé mardi en redressement judiciaire les abattoirs normands AIM, qui emploient près de 600 personnes en France, dans l'espoir de trouver rapidement un repreneur pour cette entreprise qui a de gros soucis de trésorerie.
L'entreprise fait l'objet d'une période d'observation de six mois, a précisé l'avocate du comité central d'entreprise, Élise Brand, en annonçant à la mi-journée la nouvelle à plusieurs centaine de salariés rassemblés devant le tribunal.
En outre, selon elle, la survie de l'entreprise n'est envisageable qu'à condition qu'elle soit rapidement cédée à un repreneur, et non un plan de continuation, compte tenu de l'état de sa trésorerie.
Une nouvelle audience a été fixée au 24 février pour faire le point.
"On n'a que quelques semaines pour se retourner", a déclaré Me Brand, évoquant la "situation financière désastreuse" d'AIM. "La continuation de l'entreprise est totalement inenvisageable car les dettes globalement représentent 24 millions d'euros", a-t-elle expliqué.
"La seule possibilité d'en sortir, c'est un plan de cession", a ajouté l'avocate, précisant que la direction travaille à retrouver un repreneur "depuis des mois". "Il semblerait qu'il y ait des pistes mais qui ne permettent pas de satisfaire notre revendication d'un emploi pour tous", a-t-elle indiqué.
A l'appel des syndicats CGT, CFDT et CFE-CGC, entre 350 et 500 salariés (selon la police et selon la CFDT) s'étaient rassemblés mardi matin devant le tribunal de commerce de Coutances, où l'audience a débuté peu après 11h00.
Au son de cornes de brume, scandant "on veut du boulot" quelque 150 manifestants venus en cars de l'établissement d'Antrain (179 salariés), en Ille-et-Vilaine, ont rejoint ceux du siège de Sainte-Cécile (Manche) qui regroupe l'essentiel des salariés des Abattoirs industriels de la Manche (AIM).
Un groupe d'une dizaine de fonctionnaires des services vétérinaires, appelés à intervenir régulièrement dans les établissements du groupe, participait également à la manifestation, de même que de nombreux élus locaux, dont le président de la région Basse-Normandie, Laurent Beauvais, craignant pour les emplois.
Les syndicats redoutent à moyen terme un scénario similaire à celui de leur concurrent breton Gad, dont les effectifs ont drastiquement chuté, passant de 1.700 salariés mi-2013 à la promesse en octobre 2014 d'en maintenir 530 sur 755 dans le seul abattoir restant du groupe, à Josselin (Morbihan) racheté par la SVA Jean Rozé, filiale d'Intermarché
"Un repreneur oui, mais à quelles conditions ? Nous ce qu'on ne veut pas, c'est un petit Gad", avait résumé lundi Johnny Poisnel, délégué CFDT d'AIM à la sortie d'un comité central d'entreprise (CCE).
Pour la direction, toutefois, "on n'en est pas du tout au stade de savoir s'il va y avoir une restructuration industrielle. Il s'agit de demander un redressement judiciaire, pour trouver un ou plusieurs investisseurs sur lesquels s'adosser", a-t-elle fait savoir, précisant qu'elle espérait boucler son tour de table dans les "premiers mois" de 2015.
Mais selon Me Brand "on a déjà fait comprendre aux représentants du personnel que la messe était dite et que le repreneur était déjà trouvé, que la casse sociale serait énorme. C'est déplorable".
- 'Il a bon dos l'embargo russe' -
Comme chez Gad, la direction des AIM met en avant l'embargo russe sur le porc européen, mais aussi "la concurrence de l'Allemagne et de l'Espagne sur l'espèce porcine avec l'utilisation du dumping social", ou "la guerre des prix de la grande distribution" pour expliquer des "difficultés de trésorerie".
"Il a bon dos l'embargo russe", rétorque M. Poisnel qui, à l'instar des autres syndicalistes dénonce "la gestion de l'entreprise" depuis le rachat en 2003 par l'actionnaire principal actuel CAP 50.
"Cette direction, on n'en veut plus. On préfère un repreneur plutôt qu'une bande de truands qui a coulé le bateau", a déclaré mardi dans la manifestation Jean-François Monnereau, délégué CFDT de l'établissement d'Antrain.
"Notre objectif, c'est de sauver la tête de tout le monde. Ca va être difficile mais on va se battre pour le faire", a assuré M. Poisnel à l'annonce du redressement judiciaire, alors que son collègue Serge Langlois, délégué CFDT d'Antrain était lui "plus pessimiste qu'hier" face au risque de liquidation.
Les salariés d'AIM ont particulièrement mal vécu d'avoir dû passer Noël en n'ayant perçu en décembre que 800 euros au lieu des 3.000 (salaire de décembre plus 13e mois) qu'ils auraient dû recevoir en moyenne, selon la CFDT.
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