Les Bourses européennes ont commencé 2015 du mauvais pied lors de leur première "vraie" séance de l'année, préoccupées par les incertitudes politiques en Grèce et par les prix du pétrole qui n'en finissent pas de chuter.
"La baisse des cours du pétrole, la menace de la déflation en Europe et une possible sortie de la Grèce de la zone euro ont vu les marchés entamer leur première semaine complète de l'année sur des charbons ardents", a commenté Jasper Lawler, analyste chez CMC Market UK.
D'Athènes (-5,63%) à Paris (-3,31%), en passant par Milan (-4,92%) ou Francfort (-2,99%), toutes les Bourses européennes ont terminé dans un rouge vif.
Dans le même temps, les investisseurs se sont rués sur les actifs les plus sûrs, les obligations des pays les plus solides de la zone euro, provoquant une baisse de leurs taux de rendement.
Le taux d'emprunt de l'Allemagne à 10 ans est encore descendu lundi (0,492%), améliorant une nouvelle fois son record historique, et celui de la France a pour sa part égalé son record de vendredi (0,776%).
"Pour cette journée de rentrée, les investisseurs intègrent les derniers épisodes en Grèce avec la tenue de législatives anticipées et surtout les commentaires, pas vraiment positifs ce week-end côté allemand", a souligné Cyril Regnat, un stratégiste obligataire de Natixis.
Même si la Commission européenne a affirmé lundi que, de son point de vue, l'appartenance de la Grèce à l'euro est "irrévocable", les investisseurs s'inquiètent d'une possible sortie d'Athènes de la monnaie unique, hypothèse baptisée "Grexit" (contraction de Grèce et de sortie "exit" en anglais).
"Le risque de +grexit+ assombrit la perspective de la zone euro", estime Jonathan Loynes de Capital Economics.
Des législatives auront lieu le 25 janvier pour lesquelles le parti de gauche Syriza, qui prône la fin de la politique d'austérité, est donné favori.
Des informations parues samedi dans l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, selon lesquelles le gouvernement allemand juge inévitable une sortie de la Grèce de l'euro si Syriza l'emporte et cesse de rembourser la dette du pays ont suscité la controverse.
Pour autant, "les marchés sont restés optimistes sur tout cela", pour Capital Economics.
"Même si le parti Syriza arrive en tête, il n'aura sûrement pas de majorité suffisante et devra former une coalition. Il y aura donc certainement des tractations et des négociations et tout cela va peser", a ajouté M. Regnat.
"Nous aurons donc forcément de la volatilité dans les prochains jours", a-t-il poursuivi.
- "Malaise global" -
Parmi les autres nuages au-dessus des marchés européens: la menace de déflation.
L'Allemagne a publié lundi une inflation en fort ralentissement en décembre (0,2% sur un an, chiffre provisoire), nourrissant les craintes de la déflation et les attentes d'une intervention rapide de la Banque centrale européenne (BCE).
Vu le poids de l'Allemagne en zone euro, dont le chiffre pour décembre sera à son tour dévoilé mercredi, l'inflation allemande est un indicateur très suivi par les marchés. Ceux-ci redoutent que le Vieux continent cède à une déflation et son cercle vicieux de ralentissement des investissements et de la consommation.
"La zone euro a continué de déverser des mauvaises nouvelles cet après-midi, avec une inflation allemande qui est tombée à son plus bas niveau depuis cinq ans", résume Connor Campbell, analyste de SpreadEx.
Dans ce contexte de craintes déflationnistes, la baisse apparemment sans fin des prix du pétrole passé sous la barre des 50 dollars le baril (WTI), même si elle peut être de bon aloi pour les consommateurs, peut avoir des effets pervers en pesant sur l'indice des prix.
M. Campbell résume la situation en estimant qu'il règne "un malaise global qui a infecté les marchés".
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