Accusé par une association, critiqué par des élus et par le Premier ministre, le maire de Champlan (Essonne) est sorti dimanche de son silence, niant avoir refusé l'inhumation d'un bébé rom dans le cimetière de sa commune et plaidant une "mauvaise interprétation".
"A aucun moment je ne me suis opposé à cette inhumation", a affirmé Christian Leclerc à l'AFP par téléphone, dimanche à la mi-journée. "On avait le choix (pour l'enterrement) entre Corbeil et Champlan. J'ai dit OK mercredi matin pour l'un ou l'autre", a-t-il ajouté depuis Nice.
"La personne" en charge du dossier n'était "pas habituée", "elle s'est un peu pris les pieds dans les différents documents", a poursuivi le maire (divers droite), invoquant "une erreur de compréhension dans la chaîne de décision".
"Je suis laminé par tout ce que j'ai entendu (). Je vais envoyer un message de condoléances et de compassion à la famille", a encore assuré le maire.
Cette affaire a suscité une forte émotion chez des élus et responsables associatifs, qui ont fait part de leur "honte", certains envisageant de la porter devant la justice.
"Refuser la sépulture à un enfant en raison de son origine: une injure à sa mémoire, une injure à ce qu'est la France", a tweeté le Premier ministre Manuel Valls, ancien élu de l?Essonne, après les dénégations du maire.
Le Défenseur des droits, Jacques Toubon, "bouleversé", avait lui indiqué dimanche matin sur France Inter qu'il allait "peut-être agir".
L'Association de solidarité en Essonne avec les familles roumaines et roms (ASEFRR), qui suit "depuis huit ans" la famille du bébé et qui est la principale accusatrice du maire, a précisé qu'elle maintenait sa version des faits et qu'elle comptait saisir M. Toubon.
"Les déclarations du maire ne sont pas convaincantes", a estimé le président de l'ASEFRR, Loïc Gandais. "Quand on va dans l'entêtement, c'est difficile de revenir."
- Enterrement lundi -
La petite Maria Francesca, âgée de deux mois et demi, est décédée dans la nuit du 25 au 26 décembre d'une mort subite du nourrisson, selon l'association.
A la demande des parents, une entreprise de pompes funèbres de Corbeil-Essonnes avait pris contact avec la municipalité pour obtenir l'autorisation de l'inhumer à Champlan, mais elle avait refusé, selon plusieurs sources contactées par l'AFP.
Le maire n'a donné "aucune explication", avait assuré samedi à l'AFP Julien Guenzi, gérant des pompes funèbres Lescarcelle à Corbeil. "Des réponses comme ça, c'est très rare", avait-il ajouté.
Selon des propos rapportés samedi par Le Parisien, le maire avait fait valoir ce jour-là le "peu de places disponibles". "Priorité est donnée à ceux qui paient leurs impôts locaux", avait-il ajouté. Il dit maintenant que ses propos ont été mal interprétés par le quotidien.
La petite fille sera finalement inhumée lundi près de Champlan, à Wissous. Le maire UMP de cette ville, Richard Trinquier, a invoqué un "souci d'humanité".
A Champlan, plusieurs habitants donnaient cependant "raison" au maire dimanche, à l'image de Jacqueline , une dame venue se recueillir sur la tombe de son mari mais qui ne souhaite pas donner son nom de "peur que les Roms viennent chez" elle.
"Il y en a trop. Je regrette de dire ça, mais il faudrait faire quelque chose pour eux chez eux plutôt qu'ici", a-t-elle dit.
Selon la loi, les proches d'un défunt doivent demander l'autorisation d'inhumation au maire de la commune du cimetière choisi. Il peut être inhumé dans la commune où il habitait, dans celle où il est mort, ou là où se trouve un caveau familial. Dans les autres cas, les maires peuvent s'opposer à l'inhumation.
Selon l'ASEFRR, les parents du bébé ont environ 35 ans. Vivant depuis au moins huit ans en France, ils ont deux garçons de 5 et 9 ans, scolarisés à Champlan, et la mère a déjà perdu deux garçons en bas âge en Roumanie.
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