Deux "grandes parties" de l'avion d'AirAsia gisant au fond de la mer en Indonésie ont été retrouvées, ont annoncé samedi les autorités indonésiennes, qui ont par ailleurs indiqué que la compagnie avait emprunté un couloir de vol sans permission le jour de la catastrophe.
Au septième jour des opérations de grande ampleur entreprises par l'Indonésie avec l'aide d'autres pays parmi lesquels la France, il s'agit de la découverte la plus probante. De nombreux débris ont déjà été repêchés ainsi que 30 corps de victimes parmi les 162 personnes à bord de l'Airbus A320-200 (vol QZ8501) qui s'est abîmé en mer de Java.
"Avec la découverte d'une traînée de carburant et de deux grandes parties d'avion, je peux vous assurer que ce sont des parties de l'avion d'AirAsia que nous recherchons", a déclaré le directeur de l'Agence nationale de recherches et de secours, Bambang Soelistyo, à des journalistes.
Il a précisé que l'une de ces deux parties retrouvées dans la nuit de vendredi à samedi mesurait environ 10 mètres sur 5 mètres. Selon une infographie adressée à des journalistes, l'une des parties appartiendrait à la queue de l'avion.
Dans la foulée, des plongeurs ont été envoyés à l'endroit où ces parties de l'épave ont été découvertes au large de l'île de Bornéo.
Le ministère indonésien des Transports a indiqué que l'avion d'AirAsia qui effectuait dimanche la liaison entre la ville indonésienne de Surabaya et Singapour avait emprunté un couloir de vol sans autorisation, et que la compagnie n'avait plus la permission d'utiliser cette route jusqu'à la fin de l'enquête sur la catastrophe.
"La compagnie a enfreint le permis de vol donné, le créneau horaire donné, et c'est un problème", a déclaré à l'AFP le directeur général du transport aérien, Djoko Murjatmodjo, ajoutant que toutes les compagnies aériennes indonésiennes feraient l'objet d'un contrôle.
"A partir de lundi, nous allons procéder à un audit ou un examen de toutes les compagnies aériennes en Indonésie, afin de vérifier s'il y a des infractions liées aux couloirs de vol, horaires et plans de vol, y compris pour tous les vols d'AirAsia Indonesia", a-t-il dit.
- Recherches compliquées par de forts courants -
Les recherches de l'épave de l'avion se poursuivaient samedi et "la principale tâche est de retrouver et d'évacuer des victimes", a souligné M. Soelistyo, ajoutant que les équipes de secours avaient fait descendre un véhicule sous-marin téléguidé au fond de la mer pour avoir une image réelle des objets. "Tous se trouvent à une profondeur de 30 mètres", a-t-il dit, observant que de forts courants compliquaient les opérations.
Parmi les équipes de recherche, deux enquêteurs français du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) pour la sécurité de l'aviation civile sont équipés notamment d'hydrophones, en vue de localiser les balises acoustiques des deux enregistreurs de vol, cruciaux pour l'enquête.
L'Airbus A320-200 était exploité par AirAsia Indonesia, une filiale de la compagnie malaisienne AirAsia, portant ainsi à trois le nombre de catastrophes meurtrières en 2014 pour des compagnies de Malaisie, après celles des deux avions de Malaysia Airlines (vols MH370 et MH17).
Un porte-parole du ministère indonésien des Transports, J.A. Barata, a précisé qu'AirAsia Indonesia n'avait pas l'autorisation d'emprunter le couloir Surabaya-Singapour le dimanche, et qu'elle n'avait pas demandé à changer son plan de vol.
Il n'a pas été précisé comment la compagnie aérienne avait pu effectuer le vol sans disposer de cette autorisation.
Le patron d'AirAsia Indonesia, Sunu Widyatmoko, a déclaré à des journalistes que la compagnie ne ferait aucun commentaire avant la fin de l'enquête.
Les équipes de recherches s'étaient approchées vendredi du lieu où gît l'avion, prospectant une zone de 1.575 milles marins carrés -- un dixième de la surface prospectée la veille -- avec la participation de 29 bateaux et 17 avions de différents pays, notamment les Etats-Unis, l'Australie et la Malaisie.
La Russie a dépêché plus de 70 professionnels, notamment 22 plongeurs, pour participer aux opérations, ainsi que deux avions, dont un amphibie.
Des familles de victimes se préparaient à de nouvelles inhumations à Surabaya, où un centre de crise a été installé pour procéder à l'identification des corps.
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