vont Cabinets fermés, grève des gardes ou "guérilla" administrative passant par des refus de cartes Vitales: les médecins maintiennent la pression sur le gouvernement en ce début 2015, pour obtenir une réécriture du projet de loi santé.
"Nous entrons dans un mouvement de harcèlement et de guérilla qui va durer, à moins que le gouvernement ne recule", prévient Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, principal syndicat. "Les médecins sont excédés, ils ne lâcheront pas".
Plusieurs syndicats appellent à une nouvelle fermeture des cabinets, lundi et mardi (Syndicat des Médecins Libéraux, SML, ainsi que des spécialistes) ou seulement mardi (MG-France, généralistes).
Tous les principaux syndicats appelent en outre à une grève administrative, visant notamment à remplacer une partie des télétransmissions de feuilles de soin (par carte Vitale) par un retour au papier, afin d'engorger les services de l'Assurance maladie.
Les médecins ont déjà mené du 23 au 31 décembre une semaine de grève des gardes et de fermeture des cabinets pour protester contre le projet de loi santé, qui doit être débattu au printemps au Parlement. Il prévoit notamment la généralisation du tiers payant (dispense d'avance de frais pour les patients).
Mais contrairement aux urgentistes et aux patrons de cliniques privées, qui ont renoncé à leur mouvement après avoir obtenu des "avancées" auprès de la ministre de la Santé Marisol Touraine, les médecins n'ont arraché que la promesse de groupes de discussions courant janvier.
En cette période de fêtes de fin d'année, il était difficile de distinguer les cabinets en grève de ceux qui était fermés pour les vacances.
Alors que les syndicats de médecins se sont targués d'une mobilisation massive, avec "jusqu'à 80% et 100% de débrayages" selon la CSMF, l'Assurance maladie a publié vendredi des chiffres basés sur les télétransmissions de feuilles de soins, montrant une légère hausse du nombre de consultations des médecins libéraux par rapport à la même période de l'an dernier.
Une "manipulation", pour Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France (FMF), qui estime que la ministre de la Santé mérite bien son nouveau surnom de "Marisol Toutbaigne", tant elle a "tenté de banaliser les conséquences de la colère des médecins".
- 'Encombrer le système' -
Ceux-ci espèrent maintenant que noyer l'assurance-maladie sous la paperasse incitera le gouvernement à bouger.
"L'idée n'est pas de refuser systématiquement la carte Vitale, mais de faire une feuille de soin à la place lorsque cela ne pénalise pas le patient", explique M. Ortiz du CSMF, qui a lancé cette action dès le 2 janvier, avec la volonté de la limiter aux patients pouvant assumer des remboursements plus tardifs. "Il suffit que chaque médecin fasse quelques feuilles de soin tous les jours pour encombrer très rapidement le système", souligne-t-il.
Le CSMF appelle aussi les médecins à envoyer par la voie postale tous les formulaires (accidents du travail, déclarations de médecin traitant, formulaires d'affections de longue durée, demandes d'entente préalable ). Des "actions coup de poing" qui n'ont pas été précisées doivent suivre.
Le SML de son côté a choisi une "opération engorgement administratif" à partir de mercredi, consistant à continuer de prendre la carte Vitale, tout en envoyant systématiquement un duplicata à la Sécurité sociale, précise son président Eric Henry.
"Ce n'est qu'un début, d'autres moyens vont apparaître dont on est en train de discuter en intersyndicale. On peut bloquer le système", menace M. Henry, soulignant que la Sécurité sociale, fortement informatisée, n'a plus les effectifs pour traiter "à l'ancienne" un afflux de papier.
Outre la grève des cartes Vitales à partir de lundi, la FMF appelle pour sa part à une "grève nationale illimitée des gardes", dans le but là encore de donner un surcroît de travail, cette fois aux Agences régionales de santé (ARS) qui seront "obligées de réquisitionner", souligne M. Hamon.
Les médecins fustigent dans le projet de loi santé une mise sous tutelle des agences régionales de santé, un "démantèlement" de leur métier, et la généralisation du tiers payant. Ils réclament par ailleurs des négociations tarifaires.
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