Edith, 70 ans, a réussi à entraîner son mari et ses copines : en jupon de tulle et cache-coeur rose bonbon, ils se sont jetés jeudi dans l'eau glaciale de la mer du Nord, avec 400 autres téméraires, pour le traditionnel "Bain des givrés" sur la plage de Malo-les-Bains, à Dunkerque (Nord).
"On y est allées à six, pour fêter nos 70 ans, on est toutes de 1944", raconte à l'AFP la septuagénaire, rayonnante, qui vient de sortir de l'eau, entourée de ses amies. "C'est bien quand c'est fini", dit l'une d'elles en grelottant.
Jean-Paul, 75 ans, le mari d'Edith, frissonne dans son caleçon rose recouvert d'une jupette de tulle, sous son manteau de fausse fourrure noir et blanc et son petit chapeau à paillettes roses. Car à Dunkerque le "Bain des givrés" a un avant-goût de carnaval dont il reprend l'attirail.
"C'est quand même dingue d'aller se baigner à Malo un 1er janvier, y a pas à dire faut être givrés", ont chanté inlassablement les baigneurs en costume de bain rayé, sous leur perruque rose, jaune ou bleue, un boa autour du cou ou un chapeau de paille sur la tête, comme au carnaval.
- Mouillés jusqu'au cou -
"Cinq, quatre, trois deux, uuuuun!!!". A midi pile, 400 personnes, selon les organisateurs, se sont lancées à l'assaut de la mer glacée, sous un pâle soleil d'hiver et le regard admiratif, affectueux ou incrédule, de plusieurs milliers de personnes. Température de l'air 4 degrés, la mer en fait quelques uns de plus.
Une fois dans l'eau, les uns s'arrêtent au genou avant de tourner les talons en vitesse, les autres se mouillent jusqu'au cou, risquent quelques brasses tout en continuant de chanter "oh hé oh hé oh hé".
"Elle est fraîche", dit simplement Christian, 46 ans. Il dit venir depuis plusieurs années "pour le plaisir de se retrouver entre Dunkerquois, car c'est un truc bien de chez nous". "Elle est plus fraîche que l'an dernier", assure son copain Frédéric, 40 ans : "Plus il fait froid dehors, plus il fait chaud dedans", assène-t-il.
Un peu plus loin, Valérie, 51 ans, et sa belle-soeur qui porte le même prénom, 45 ans, en maillot de bain, pieds nus sur le sable glacé, se serrent l'une contre l'autre, un peu inquiètes. "On ne trouve pas nos mecs", explique la première. "C'est la première fois qu'on vient, on s'est mal organisés", regrette l'autre. Au loin, les hauts-parleurs crachent "La macarena".
Le premier "bain des givrés" remonte au 1er janvier 2000. "On voulait faire quelque chose sans argent et populaire pour le passage à l'an 2000", raconte Michel Fayens, l'un des organisateurs. "On a fait ça à 08H00 du matin, on avait dressé des tables et des chandeliers, avec du saumon, on était 80".
Chaque "givré" a été récompensé jeudi par une bouée canard en plastique, un bol de soupe à l'oignon et un "Certificat de taux de pénétration dans la mer du Nord".
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