Sur la place d'armes, devant le terminal de l'aéroport militaire de Kaboul, plusieurs dizaines de soldats français entonnent la Marseillaise, la toute dernière en Afghanistan après 13 années de présence militaire dans ce pays.
L'opération Pamir, qui a débuté en 2001 aux côtés de la coalition internationale destinée à chasser les talibans et Al-Qaïda d'Afghanistan après les attentats du 11-septembre, s'est achevée officiellement ce mercredi 31 décembre 2014 à Kaboul.
Alignés face au terminal de briques rouges flambant neuf, au pied des mats portant les drapeaux des quelque 50 nations de la coalition, les soldats français constituent un mélange de différentes compétences.
Logistique, ingénierie, informatique, sécurité, ils viennent de plusieurs bases en France, et sont rattachés pour la plupart à l'armée de l'air.
Après la cérémonie, un soldat emporte au loin le fanion tricolore, qui sera ramené en France dans les jours qui suivent.
De leur côté, les 150 derniers militaires français auront quitté le pays au plus tard en février, mettant ainsi fin à 13 ans de présence militaire française sur le sol afghan.
Un peu plus tôt dans la matinée, à l'intérieur du bâtiment, au cours d'une rapide cérémonie, le général français, commandant de Pamir et de l'aéroport militaire de Kaboul, Philippe Lavigne, a remis solennellement un fanion de commandement à son successeur, le général turc Mehmet Cahir Bakir.
Dans la salle, un petit groupe d'officiers afghans, assis parmi les hommes de la coalition, regarde la cérémonie sans intervenir. Le transfert d'autorité définitif à l'aéroport ne leur sera accordé que dans plusieurs mois. L'armée afghane doit encore parfaire sa formation sous la direction des Turcs.
Sur l'aéroport militaire, les Turcs, arrivés en novembre, ont déjà pris possession des lieux.
- 'Beaucoup reste à faire' -
"Ce sera la fin d'une ère pour la France", note le général américain John McMullen, commandant de la force aérienne de l'Otan en Afghanistan, au cours de la cérémonie.
Les troupes de combat de l'Otan (Isaf) quittent aussi le pays mais une force étrangère d'aide et d'assistance d'environ 12.500 hommes restera sous le nom de "Soutien Résolu". Aucun soldat français n'y participera.
Autre événement de cette journée de passage de relais, l'inauguration d'un monument hautement symbolique: une tour Eiffel d'environ trois mètres de haut portant une plaque à la mémoire des 89 soldats français morts en Afghanistan. Environ 700 soldats français ont aussi été blessés parmi les 70.000 qui ont servi dans le pays depuis 2001.
La tour d'acier peinte en gris fait directement face au tarmac où vrombissent en permanence les hélicoptères et avions de la coalition internationale.
"Je pars en me disant +mission accomplie+. La mission c'était de recréer ici les conditions de sécurité qui permettent le développement des institutions Et c'est également, à travers d'autres actions, de pouvoir permettre à ce pays de se développer. Des écoles, de nombreux hôpitaux ont été ouverts", a dit le général Philippe Lavigne.
Venu spécialement de Paris pour l'occasion, le général Gratien Maire, major général des armées, numéro deux des armées françaises, a toutefois reconnu que "beaucoup reste à faire".
"La menace est toujours présente, les insurgés continuent à être actifs. Mais ce qui a été accompli en 13 ans est considérable, en termes de gouvernance, en termes de développement, en termes de sécurité", a-t-il estimé en ajoutant que les soldats français pouvaient repartir avec "la satisfaction du devoir accompli".
La France a retiré ses troupes de combat en 2012, mais un contingent était resté dans le pays pour appuyer les forces afghanes, désormais seules à assurer la défense du pays face à une insurrection talibane qui ne montre pas de signe de faiblesse, et qualifie déjà de "défaite" pour l'Occident ce retrait des forces de l'Otan.
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