Le parti de gauche anti-austérité Syriza a de bonnes chances d'arriver au pouvoir après les législatives du 25 janvier, ce qui provoque des inquiétudes dans la zone euro, mais le jeu des alliances pourrait lui être défavorable.
Le score attendu de Syriza, crédité de 28% selon un sondage publié lundi, ne pourrait lui assurer une majorité parlementaire suffisante pour former un gouvernement à lui seul et il serait alors contraint de rechercher des alliances auprès de petits partis.
"Le paysage politique actuel reste opaque car on ne sait pas lequel des petits partis aura une représentation au Parlement et pourrait participer à une coalition", relève Manolis Alexakis, sociologue politique à l'Université de Crète.
Au lendemain de l'échec du Parlement à élire un nouveau président de la République, le Premier ministre conservateur Antonis Samaras, en tête d'une coalition droite-socialistes depuis deux ans, a dû se résoudre à demander à l'actuel président Carolos Papoulias, comme le prévoit la Constitution, des élections anticipées et la dissolution du Parlement.
Cette dissolution doit être officiellement signifiée aux députés mercredi mais les responsables politiques n'ont pas attendu pour lancer la campagne.
Antonis Samaras a de nouveau brandi le spectre de la sortie de la Grèce "de la zone euro".
Il faut entrer "dans la bataille des élections avec responsabilité" car "de cette lutte dépend le maintien du pays dans l'Europe", a-t-il lancé avant son entretien avec Carolos Papoulias.
Dans un autre discours devant son parti, il s'est dit certain de "gagner les élections", avertissant que si Syriza met en oeuvre l'année prochaine "la moitié de son programme", il creusera un trou "de 35 à 38 milliards" dans le budget du pays.
L'un des responsables de la politique économique du parti de gauche, Yiannis Milios, qui avait rencontré les milieux financiers à Londres il y a quelques semaines, a affirmé, dans une interview à l'agence de presse grecque ANA, "qu'une grande partie de la communauté économique mondiale () a compris que le potentiel de développement de l'économie grecque ne peut s'exprimer qu'avec la fin des politiques d'austérité".
La Gauche radicale souhaite aussi négocier avec l'Union européenne et le Fonds monétaire international une nouvelle restructuration de la dette publique, qui continue d'être le fardeau de l'économie grecque.
- En quête d'un "faiseur de roi" -
Dans les sondages, Syriza est le "premier parti et ce sera difficile de renverser cette tendance", a affirmé à l'AFP le politologue Ilias Nikolakopoulos.
Si Syriza ne trouve pas de partenaire pour former une coalition, de nouvelles élections devraient être organisées, comme ce fut le cas en mai 2012, au pic de la crise grecque.
Cette éventualité exacerbe les craintes des créanciers de la Grèce, UE et FMI, qui n'ont pas terminé l'audit du pays pour débloquer la dernière tranche des prêts européens. Lundi, le FMI a suspendu son aide dans l'attente d'y voir plus clair.
"La pression de l'Europe est importante et Syriza sera contraint de se déplacer vers le centre pour trouver un partenaire", estime Manos Papazoglou, professeur de sciences politiques à l'Université de Péloponnèse.
Selon cet analyste, To Potami (La rivière), un nouveau parti qui souhaite occuper le centre-gauche des socialistes du Pasok en pleine déconfiture, "pourrait devenir le +kingmaker+" (faiseur de roi, ndrl).
Créé par un journaliste qui a rassemblé plusieurs personnalités du centre, ce parti est crédité de 6,1% d'intentions de vote et arrive en troisième position après le Syriza et la Nouvelle-Démocratie (droite).
Les Grecs Indépendants, un parti populo-nationaliste et anti-austérité, dirigé par un dissident de la droite "pourrait en profiter s'il arrive à franchir le seuil minimum requis de 3% pour entrer au Parlement", explique Manos Papazoglou tout en insistant sur le fait que "cette alliance serait fragile".
L'inquiétude dominait dans la presse grecque de mardi, le quotidien libéral Kathimerini jugeant ces élections "cruciales pour l'avenir du pays".
Ta Néa (centre-gauche), plus gros tirage, estime que les élections anticipées "vont se dérouler dans un climat d'incertitude".
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