Emboîtant le pas à Richard Galliano et au rock alternatif qui ont donné un nouvel élan à cet instrument, toute une famille de musiciens offrent de nouvelles perspectives à l'accordéon, qui demeure malgré tout sous l'influence du musette.
"L'accordéon est décomplexé parce que la nouvelle génération, et même celle d'avant, n'est plus victime de l'image totalement ringarde liée au trio André Verchuren-Aimable-Yvette Horner", souligne Philippe Krümm, auteur en 2013 de l'ouvrage "L'accordéon, quelle histoire".
Arnaud Méthivier, dit Nano, symbolise à 43 ans cette génération décomplexée.
Ce "gamin qui s'amusait à réinventer l'accordéon à travers les chanteurs" (Suzanne Vega, Kent, Les Innocents, Francis Cabrel, Boy George, Stéphane Eicher), improvise, propose de nouvelles sonorités à travers des spectacles en plein air: Envolée Chromatique (dont la dernière sera donnée à Mons en Belgique le 24 janvier pour l'inauguration de "Mons, capitale européenne de la culture"), et Magic Nano.
S'il est encore connoté, l'accordéon ne déclenche plus en tout cas les réactions hostiles des jeunes générations comme à la fin des années 70.
"J'ai débuté après un désert terrible d'une vingtaine d'années, à la fin des années 70. Ce qui restait alors de l'instrument, c'était l'industrie musette dans ce qu'elle avait de plus gras, de plus vulgaire, de plus ringue", se souvient Francis Varis, l'un des rénovateurs avec Galliano. "Les réactions d'hostilité, je ne les rencontre plus jamais aujourd'hui".
Le piano à bretelles est entré dans les théâtres, avec Daniel Mille accompagnant Jean-Louis Trintignant, Lionel Suarez, Jean Rochefort, et Michel Macias, Philippe Caubère. Le jeune musicien Fixi l'a marié au hip hop avec son groupe Java puis au reggae avec le chanteur Winston Mc Anuff, Vincent Peirani le tire vers les musiques improvisées.
Elodie Soulard, à 28 ans, en est la nouvelle vedette dans le monde du classique, où s'aventurent aussi Francis Varis en transposant les suites pour violoncelle de Bach, ou Richard Galliano interprétant Vivaldi.
- 'La belle tradition du musette' -
Malgré toutes ces nouvelles propositions et l'entrée de l'accordéon au Conservatoire national de musique de Paris en 2002, le musette reste cependant ancré dans la tête de tout accordéoniste.
"Galliano (Richard, ndlr) multiplie depuis trente ans les projets dans le jazz, le tango, le classique, la chanson", mais "sans renier la belle tradition", estime Philippe Krümm.
La belle tradition, celle du bal musette, qui a fait chavirer la France entre les années 1910 et la fin des années 50.
"Ce mouvement du musette, il a été formidable, incroyable, ultra-populaire, et c'est encore là", constate Nano, qui déplore qu'il soit un frein pour "aller vers de nouveaux mondes" tout en le vénérant.
"La tradition, elle est belle, c'est total respect, pour les anciens qui ont créé une musique, un son. Marcel Azzola, son acte avec Brel (sur la chanson "Vesoul"), c'est juste du punk".
Francis Varis, qui a débuté par le blues puis s'est orienté vers le jazz américain, a pris conscience de la richesse de ce patrimoine avec les enregistrements en 1990-1993 de "Paris-Musette", relectures du répertoire musette, avec des gardiens du temple comme Marcel Azzola, Jo Privat et des plus jeunes.
"Là, on s'est dit que comme les Américains, dont le fond du répertoire sont des standards ou des chansons de Broadway des années 40, on pouvait faire swinguer les valses, improviser dessus et les prendre comme un matériau à développer", explique-t-il.
Richard Galliano, après avoir renoué avec le jazz en septembre, publiera fin janvier "La Vie en Rose", un album en hommage à Edith Piaf et Gus Viseur, qui fut son accordéoniste. Sur le sien, Daniel Mille s'attaque à l'oeuvre d'Astor Piazzolla. Et dans "Chamamemusette" de Francis Varis, il y a encore le mot musette.
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