Le pape François a entamé mercredi soir dans la basilique Saint-Pierre la célébration très solennelle de la messe commémorant la naissance du Christ, alors que, de Bethléem à Bagdad les chrétiens d'Orient fêtent Noël au milieu des violences.
Après être entré dans la basilique précédé par les cardinaux au son traditionnel de la "Kalenda", un chant grégorien annonçant la nativité de Jésus, le pape, âgé de 78 ans, a enlevé un drap qui voilait une statuette de l'enfant Jésus qu'avait porté deux enfants, un Syrien et un Libanais, et l'a encensée.
Au même moment, à Bethléem, les cloches ont carrillonné peu avant que le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Fouad Twal, la plus haute autorité catholique romaine en Terre sainte, commence à 20H45 GMT à présider la grand-messe de Noël en l'église catholique Sainte-Catherine, contiguë à la Basilique de la Nativité.
Dans cette ville, lieu de naissance du Christ selon la tradition, les pèlerins étrangers se faisaient très rares mercredi, le climat de tensions exacerbées depuis des mois ayant fait fuir les touristes.
Les festivités étaient ternies par de nouvelles violences dans l'enclave de Gaza, ravagée durant l'été par un conflit ayant fait près de 2.200 morts côté palestinien et 73 côté israélien.
- Persévérance -
Ce Noël est particulièrement difficile pour les 150.000 chrétiens déplacés d'Irak, qui "vivent une situation tragique et à qui aucune solution rapide n'est proposée", a déclaré le patriarche chaldéen Louis Sako à l'AFP à Bagdad.
"Tout particulièrement en cette période de Noël, ils ont besoin de signes qui les rassurent. Il faut leur dire qu'ils ne sont pas abandonnés et oubliés", a-t-il ajouté.
Le chef de l?Église catholique a téléphoné mercredi à des réfugiés irakiens près d'Erbil au Kurdistan. "Chers frères, je suis proche de vous, très proche de tout mon c?ur. Dieu vous donne les caresses de sa tendresse", leur a-t-il dit.
La veille, le pape avait exprimé sa vive inquiétude face au sort des chrétiens au Moyen-Orient, ravagé par des conflits de plus en plus sanglants, notamment en Irak et en Syrie où des jihadistes multiplient les exactions, s'en prenant notamment aux minorités religieuses.
Dans une longue lettre adressée aux chrétiens d'Orient, François les a exhortés à la "persévérance" et au dialogue inter-religieux en dépit des difficultés.
Dans une allusion claire au groupe jihadiste Etat islamique (EI), il a exprimé son inquiétude devant une "organisation terroriste, d'une dimension autrefois inimaginable, qui commet toutes sortes d'abus". Elle "frappe de manière particulière certains d'entre vous chassés de façon brutale de leurs propres terres, où les chrétiens sont présents depuis les temps apostoliques", a déploré François, en évoquant aussi le drame d'autres communautés pourchassées comme les Yazidis.
Mgr Twal a également dénoncé ces exactions, ainsi que la récente guerre à Gaza et les attentats menés notamment à Jérusalem ces derniers mois.
- Noël sans fête à cause d'Ebola -
Le président iranien Hassan Rohani a souhaité un joyeux Noël au pape et aux autres dirigeants du monde, appelant à une coopération pour "répandre la paix, la sécurité et le bien-être sur le monde".
Ailleurs, Noël est célébré dans un climat de sécurité renforcée en France après trois attaques, dont une liée à l'islamisme radical, ayant fait un mort et 25 blessés.
A Cuba, les célébrations de Noël, longtemps interdites par le régime, se déroulent dans une atmosphère égayée par un cadeau anticipé: le rapprochement avec les Etats-Unis.
En revanche, il n'y aura pas de rassemblements publics festifs en Sierra Leone à cause de l'épidémie d'Ebola. "Les chrétiens qui se rendront à l'église pour la messe de Noël () devront rentrer chez eux dès la fin de l'office et poursuivre les célébrations en famille", a ordonné le président Ernest Bai Koroma.
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