"Nées en France, élevées au Gabon": les petites huîtres Alanza affichent fièrement leur origine Et la formule a du succès. Dans les poissonneries de Libreville, c'est la cohue, on se presse pour acheter le coquillage tant attendu sur les tables de Noël.
"Vous les avez goûtées? Elles sont assez petites, mais délicieuses! Et en plus, elles viennent de chez nous", s'extasie Angélique, une Gabonaise aux formes généreuses venue faire des emplettes de dernière minute avant le réveillon.
A quelques km de là, sur la plage du Cap Estérias, les employés de la ferme ostréicole Alanza ("huître" en fang, la langue majoritaire au Gabon) ne chôment pas. Ce matin-là, le patron, Didier Tastet, a enfilé ses bottes à l'aube, en direction de ses parcs à huîtres.
De l'eau jusqu'aux genoux, cet ostréiculteur français de 58 ans vérifie que la récolte se passe bien, avant de préparer ses livraisons du jour. Les huîtres partiront ensuite vers les restaurants et supermarchés de Libreville, mais aussi de Port-Gentil, la capitale économique, où vivent de nombreux expatriés.
"Les fêtes de Noël sont un moment important en Europe mais également au Gabon () 70% des ventes ont lieu au mois de décembre alors évidemment il y a une surcharge de travail. En ce moment on fait du non-stop", explique l'ostréiculteur, qui emploie une petite dizaine de personnes.
Importés du bassin de Marennes-Oléron, sur la côte atlantique française, les naissains viennent grandir dans les eaux gris perle de l'Equateur, à 30 degrés. Et d'après John, le jeune bras droit du patron passionné d'ostréiculture, la chaleur n'est pas forcément un handicap pour ces coquillages qui "s'adaptent bien".
Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le long du littoral gabonais, de grosses huîtres poussent à l'état sauvage, bien qu'elles ne soient pas commercialisées.
- 'Chaîne du chaud' -
Didier Tastet a mis les pieds au Gabon pour la première fois il y a seulement cinq ans. Dans sa famille, on est ostréiculteur depuis quatre générations en Charentes-Maritimes. Mais lui caressait "des rêves d'Afrique", lointain souvenir des quelques années passées en Côte d'Ivoire durant sa jeunesse.
"J'ai donc cherché, au crépuscule de ma carrière en France, un endroit où je pourrai faire mon métier, apprendre à des gens qui ne connaissaient pas comment on produit une huître et comment on la déguste", explique-t-il.
Les plages et les mangroves préservées du Gabon s'y prêtent bien. Mais le pari semblait osé: malgré ses 800 km de côtes, ce petit pays, qui tire l'essentiel de ses revenus du pétrole, n'a que très peu d'expérience dans la pêche et l'aquaculture.
"Quand j'ai débarqué à Libreville pour présenter mon projet, les gens éclataient de rire!", affirme l'ostréiculteur.
Mais Didier Tastet s'accroche, et la ferme "Alanza" voit le jour en 2010. Environ 100.000 huîtres y ont été produites en 2014, mais l'objectif est d'atteindre un volume d'un million par an, affirme-t-il.
Très vite, le "kongossa" (bouche-à-oreille, rumeur populaire) fonctionne, et au bout de quelques mois, les commandes des restaurants et magasins de grande distribution de la capitale commencent à affluer.
"Je voulais faire beaucoup de produits autour de la mer", explique Christophe Liger, le patron de La Guinguette, restaurant convivial où se retrouve une clientèle de locaux et d'expatriés.
"Certains habitués ne viennent que pour manger une douzaine d'huîtres, avec une bonne bouteille de blanc!" explique le restaurateur.
En revanche, gare au choc thermique: les amateurs d'huîtres doivent "respecter la température de l'Afrique" et ne pas les servir dans la glace car "ce sont des êtres vivants", rappelle Didier Tastet. "Nous inventons le concept de la chaîne du chaud!"
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