Pas de cadeau à la veille de Noël pour le gouvernement: avec 3,49 millions de demandeurs d'emploi sans activité enregistrés fin novembre par Pôle emploi en métropole, il est encore à la peine pour inverser une courbe en hausse quasi continue depuis trois ans et demi.
Le mois dernier 27.400 demandeurs d'emplois supplémentaires (+0,8%) se sont inscrits sur les listes de l'opérateur public, a annoncé mercredi le ministère du Travail. Sur un an, la hausse atteint 5,8%.
En incluant l'outre-mer, 3,75 millions de chômeurs sans aucune activité étaient inscrits, soit une hausse de 0,7% en un mois et +5,4% en un an. Avec ceux ayant exercé une petite activité, le nombre s'élève à 5,48 millions (+0,4%) en métropole et outre-mer.
Toutes les classes d'âge sont affectées par la progression du chômage mais les seniors restent les plus touchés (+1% sur un mois, +11,1% en un an). Chez les jeunes, le chômage augmente également de +0,5% sur un mois mais moins fortement qu'à la fin octobre, ce qui pour le ministre du Travail François Rebsamen découle de "l'effet positif des emplois d'avenir".
Les entrées à Pôle emploi à la suite de fins de Contrat à durée déterminée (CDD) sont à un niveau élevé (24% des motifs d'entrée à Pôle emploi), tandis que "les chiffres sont bas" en ce qui concerne les reprises d'emploi (18,7% des motifs de sortie de Pôle emploi), note Philippe Waechter, directeur de la recherche économique de Natixis AM interrogé par l'AFP, y voyant un signe "très perturbant".
Le ministre du Travail se veut pour sa part rassurant : il affirme, dans un communiqué, que "l'amélioration de la conjoncture en 2015 s'accompagnera de la poursuite d'une politique de lutte contre le chômage offensive".
Il met en avant la nouvelle convention Etat-Unedic-Pôle emploi qui doit permettre d'améliorer l'accompagnement des chômeurs, notamment ceux de longue durée (alors que 2,2 millions de demandeurs d'emploi - dont ceux ayant exercé une petite activité - sont inscrits depuis plus d'un an).
M. Rebsamen évoque aussi les mesures qui doivent être mises en oeuvre début 2015 pour favoriser le maintien ou l'insertion dans l'emploi, comme "445.000 contrats aidés" et la "mise en oeuvre du compte personnel de formation", ainsi que "la dynamique du Pacte de Responsabilité et de Solidarité".
- 'Limiter la casse' -
Ces chiffres ne constituent pas une surprise pour l'exécutif. Le Premier ministre Manuel Valls avait souligné dès mardi qu'il n'attendait pas de "bonnes nouvelles".
L'Institut national de la statistique (Insee) a également estimé, dans ses prévisions publiées le 18 décembre, que le chômage en France devrait poursuivre sa hausse d'ici à mi-2015, pour s'établir à 10,2% de la population active en métropole et à 10,6% avec l'outre-mer.
L'Insee toutefois prévoit une éclaircie sous les effets conjugués, en 2015, du Pacte de responsabilité et de solidarité et du Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), dont l'impact est évalué à 80.000 emplois.
Selon l'institut, le CICE "entraînerait un surcroît de 10.000 emplois par trimestre".
Parallèlement, "les premières mesures" du Pacte, consistant en des exonérations de cotisations et des baisses d'impôts, en vigueur à partir du 1er janvier, "soutiendraient l'emploi à hauteur de 10.000" postes supplémentaires par trimestre.
Selon Bruno Ducoudré, économiste à l'OFCE, "il y aura une hausse du chômage en 2015, qui sera quand même freinée par les emplois aidés et les politiques de baisses du coût du travail" comme le CICE.
"Ca devrait permettre de limiter la casse", affirme-t-il.
Côté syndical, la CGT et Force ouvrière demandent au gouvernement de changer de politique. "Ne croyons plus au Père Noël!", tonne la CGT.
Dans l'opposition, Laurent Wauquiez, secrétaire général de l'UMP, évoque dans un tweet des chiffres "accablants" et juge que "ce quinquennat risque d'être le Waterloo de l'emploi".
Le Front National estime dans un communiqué que "2014 aura donc été une année noire en matière de chômage" et craint "une année 2015 similaire voire pire".
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