Coup de massue pour le projet de Center Parcs de Roybon en Isère: le tribunal adminitratif de Grenoble a suspendu l'un des deux arrêtés qui autorise le projet au titre de la loi sur l'eau, compromettant ainsi un chantier contesté.
Le juge des référés, Christian Sogno, a suspendu mardi un arrêté préfectoral du 3 octobre 2014 qui autorisait le projet au titre de la loi sur l'eau. Dans le même temps, il a rejeté trois recours qui attaquaient un second arrêté, -pris le 16 octobre- qui autorisait la destruction d'espèces protégées et de leurs habitats, en estimant"qu'aucun doute sérieux ne pesait sur sa légalité".
Cette suspension était interprétée de façon contradictoire mardi après-midi: pour les opposants au projet, c'était une première victoire, tandis que les partisans estimaient que les travaux de défrichement n'étaient pas stoppés pour autant.
Selon le maire de Roybon, Serge Perraud, interrogé à chaud, cette décision "ne devrait pas permettre d'arrêter les travaux". "Certains de nos avocats sont formels la-dessus. Ce n'est pas un coup d'arrêt mais une étape dans la validation de ce chantier!", a-t-il avancé.
Son premier adjoint, Maurice Vicat, s'est montré plus pessimiste: "Ce n'est pas une bonne nouvelle pour notre commune, c'est une catastrophe. On a vraiment besoin de ce projet", a-t-il dit à l'AFP, espérant que "d'autres recours sont possibles".
Si le magistrat ne s'est pas prononcé sur la pertinence du village que veut construire le groupe Pierre & Vacances, et sur lequel plane l'ombre de Sivens et Notre-Dame-des-Landes, il met à mal le projet.
Le site doit accueillir notamment mille cottages avec bulle tropicale sur 200 hectares, au c?ur de la forêt de Chambaran.
Les travaux de défrichement sont par ailleurs bloqués depuis début décembre par des militants "zadistes" qui occupent une maison à proximité du site.
"Une éventuelle suspension aurait des conséquences considérables. Je ne sais pas dans quelle mesure ça signerait l'arrêt du projet", avait prévenu il y a quelques jours Isabelle Cassin, avocate du groupe Pierre & Vacances, initiateur du projet.
- La truite n'aime pas l'eau chaude -
Christian Brely, président de la Fédération de la Drôme pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique, qui avait attaqué l'arrêté du 3 octobre en référé suspension, s'est lui félicité de la décision "même si on aurait préféré être entendu avant d'être obligé d'aller au tribunal", a-t-il dit à l'AFP.
"Les élus prônent le bon état écologique des eaux, mais quand ils sont sur le terrain il font tout le contraire, ils faudraient qu'ils se remettent en question", a fait valoir M. Brely.
Selon sa fédération et d'autres associations, la bulle tropicale que veut créer Center Parcs va provoquer des rejets d'eau chauffée "alors qu'à partir de 20°C il n'y a plus de truite dans les rivières". Elles ont également évoqué des risques de crues, rendant incompatible un bétonnage qui empêcherait l'eau de s'infiltrer.
En tout, quatre recours avaient été déposés contre les deux arrêtés. Trois des quatre recours formés par des associations visaient le second arrêté. Le quatrième, déposé par la Fédération pour la pêche de la Drôme, s'attaquait au premier arrêté.
Entamé le 20 octobre, le défrichement a déjà porté sur 40 hectares de forêt sur les 200 hectares prévu pour le projet final.
Simon Pantel, avocat des pêcheurs de la Drôme, avait rappelé lors des débats à l'audience jeudi dernier, qu'un avis unanimement défavorable avait été rendu en juillet par la commission d'enquête publique au titre de la loi sur l'eau, citant douze points rédhibitoires au projet.
La préfecture de l'Isère avait récemment fait valoir que le groupe Pierre & Vacances a amélioré son projet et répondu à toutes les critiques de la commission d'enquête, par exemple "en proposant la renaturation et l'amélioration de zones humides dégradées sur une surface de 152 hectares".
Mardi dernier, la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal, avait changé de ton par rapport à de précédentes déclarations prudentes, estimant qu'il fallait "écouter ce que disent les commissions d'enquêtes" publiques.
Jean-Jack Queyranne, président (PS) de la région Rhône Alpes, a lui appelé mardi "chacun à prendre en compte ce jugement".
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.