Jacques Chancel, voix historique de la radio et de la télévision publiques françaises qui a su rendre la culture populaire avec les émissions "Radioscopie" et "Le Grand Echiquier", est mort dans la nuit de lundi à mardi, une disparition qui a suscité un hommage unanime.
"Et Dieu dans tout ça?" Cette question devenue culte, ce maître de l'interview la posa au patron du parti communiste français Georges Marchais le 8 février 1978.
Amoureux de la musique classique et de la littérature autant que du Tour de France, le journaliste a interrogé pendant plus de 20 ans les plus grands noms de la culture et de la politique.
Voix enveloppante et sourire bienveillant, il est mort à l'âge de 86 ans d'un cancer à son domicile parisien, selon un proche qui a requis l'anonymat.
"Je fais partie des gens qui l'ont écouté tous les soirs à la radio. Il posait toujours la question juste, il savait accoucher ses interlocuteurs", a confié à l'AFP le journaliste politique Ivan Levaï. "Il a vécu toutes les souffrances du XXe siècle, et il les a vues en Indochine. Plus qu'un journaliste, il était devenu un passeur de mémoire."
"Jacques Chancel, c'est un monument de l'histoire de la radio publique", a déclaré, des sanglots dans la voix, le PDG de Radio France, Mathieu Gallet, sur l'antenne de France Inter. "C'était l'exemplarité de ce qu'est le service public dans () cette capacité à rendre accessible les plus grands intellectuels, les grands artistes."
Pour France Inter, Jacques Chancel a produit et animé l'une de ses émissions les plus célèbres: "Radioscopie", dont il présente plus de 6.000 numéros de 1968 à 1982 puis de 1988 à 1990.
La station lui rendait hommage ce mardi en rediffusant en intégralité ses interviews avec Jacques Brel, Marguerite Yourcenar, Dali, Patrick Modiano, Serge Gainsbourg ou l'abbé Pierre.
- Une télévision 'intelligente' -
A la télévision, Jacques Chancel avait lancé en 1971 "Grand Amphi" devenu un an plus tard "Le Grand Échiquier". Là encore, dans cette émission sur Antenne 2, il reçoit de 1972 à 1989 des personnalités du monde du spectacle, des peintres, des chercheurs
"Il a été un grand serviteur du service public, à la radio et à la télévision", a salué Bernard Pivot, autre icône d'une télévision "intelligente". "On représente tous les deux une sorte de nostalgie de la télévision, le Grand Echiquier, Apostrophes?"
"C'est d'ailleurs lui qui m'a passé le coup de fil depuis sa maison des Pyrénées pour me demander si je voulais passer de la première à la deuxième chaîne pour faire une émission littéraire", raconte Bernard Pivot, un "intime" de Jacques Chancel qui venait de lire le dernier volume de son journal ("Pourquoi partir?" paru cette année chez Flammarion)".
Dès l'annonce du décès, les hommages ont été unanimes. Philippe Bouvard a salué "l'inventeur du partage culturel" sur le site du Point.
Sur Twitter, le comédien François Morel, chroniqueur sur France Inter, s'est fendu d'un "Merci monsieur" alors que le parolier et scénariste Jean-Loup Dabadie s'est exclamé: "Jacques Chancel était un Monsieur". Pour le violoniste Renaud Capuçon, c'était "une personnalité culturelle insensée qui couvre plusieurs générations".
"Chancel avait une passion pour la musique classique. Beaucoup d'entre nous, nous lui devons cette passion qu'il a diffusée au maximum, dans le bon sens du terme", a souligné avec émotion la soprano Patricia Petitbon sur France Info.
François Hollande a rendu hommage à un homme qui a "incarné le service public de l'audiovisuel" et dont les émissions "ont marqué des générations de Français".
"Enfant de Bigorre, insatiable curieux et passionné, Jacques Chancel restera cet inégalable passeur de culture, une voix chère à tous", a écrit le Premier ministre Manuel Valls.
"Il disait avoir toujours essayé d?offrir au public non ce qu?il aimait, mais ce qu?il pourrait aimer. Il y sera parvenu avec un rare bonheur", retenait pour sa part la ministre de la Culture Fleur Pellerin dans un communiqué.
L'ex-chef de l'Etat Nicolas Sarkozy s'est joint à cet hommage unanime en saluant, sur le site du Point, la mémoire d'un homme d'une "immense culture": "Je ne connais pas un seul sujet qui ne l'ait pas passionné"."
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.