L'Insee a confirmé mardi une croissance de 0,3% en France au troisième trimestre, une progression modeste qui s'accompagne d'une faible évolution de la consommation et d'une stagnation de l'investissement des entreprises, peu encourageantes pour le quatrième trimestre.
L'Institut national de la statistique et des études économiques a laissé inchangées les estimations qu'il avait données le 14 novembre, confirmant également une baisse de 0,1% du Produit intérieur brut (PIB) au 2e trimestre par rapport au trimestre précédent, à prix constants et corrigés des variations saisonnières et du nombre de jours ouvrables.
L'Insee évalue ainsi à 0,3% (contre 0,4% précédemment) l'acquis de croissance pour 2014 à fin septembre, c'est-à-dire la croissance sur l'année si l'activité devait stagner au quatrième trimestre.
Une hypothèse qui est celle de Philippe Waechter, directeur de la recherche économique de Natixis Asset Management et de Dominique Barbet, économiste chez BNP Paribas.
"Avec une consommation en hausse de 0,4% en novembre, après un recul de 0,8% en octobre, cela ne va pas faire un chiffre très robuste au quatrième trimestre. Nous aurons une croissance autour de zéro et donc un chiffre global de 0,3% sur l'année", estime M. Waechter.
"Avec une consommation en berne, 2015 ne s'annonce pas sous des auspices favorables", renchérit M. Barbet, pessimiste aussi pour une autre composante du PIB: l'investissement.
"Les marges des entreprises, qui étaient tombées très très bas restent très très bas", dit-il dans une allusion à la hausse "relativement négligeable" d'un dixième de point de ce taux de marge, défini comme le rapport entre l'excédent brut d'exploitation des entreprises non financières et leur valeur ajoutée, et qui s'est établi à 29,5% au troisième trimestre.
- Les prix du pétrole, l'élément clé -
"Des taux de marge comme ça on n'en a pas vu depuis 1986", rappelle-t-il, jugeant possible une hausse au quatrième trimestre grâce à la baisse des prix du pétrole. "Mais est-ce que cela va suffire à faire repartir l'investissement ? Je n'y crois pas: l'investissement est d'abord une question de demande finale".
"Je suis très optimiste sur l'effet pétrole, l'élément clé est là", dit pour sa part M. Waechter, pour qui l'effet de la baisse de l'euro viendra accentuer cet effet. Le Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) et le pacte de responsabilité, qui allègent les prélèvements sur les entreprises, viendront ensuite "accompagner" ces deux facteurs, estime-t-il.
Dominique Barbet considère lui que le CICE a surtout entraîné "des baisses des prix, effet terrible sur les finances publiques, avec des recettes de TVA en moins".
Charles-Antoine Schwerer, économiste chez Asterès, voit dans la hausse du PIB de 0,3% les seuls effets de la consommation des ménages et des administrations publiques alors que dans le même temps l'investissement chute dans son ensemble et que le commerce extérieur contribue négativement à la croissance.
"C'est l'antithèse de ce que cherche à faire le gouvernement", lance-t-il.
"La politique de l'offre aurait dû se matérialiser par une baisse de la consommation, une augmentation de la contribution du commerce extérieur, une reprise de l'investissement. Cette tentative pour changer de modèle de croissance - de passer d'une croissance fondée sur la demande et la consommation publique à une croissance fondée sur l'offre -, pour l'instant, ce n'est pas encore une réussite", a-t-il dit à l'AFP.
L'investissement des entreprises non financières a stagné au 3e trimestre par rapport au trimestre précédent. Avec celui des ménages et des administrations publiques, l'investissement total en France a baissé de 0,6%.
Les exportations ont augmenté de 0,5% en juillet-août-septembre mais le commerce extérieur a néanmoins contribué négativement à la croissance (-0,2 point de pourcentage).
Le retour de la croissance au 3e trimestre est "plutôt une fausse bonne nouvelle dans la mesure où () la composante qui augmente le plus est la dépense publique, la consommation des administrations", note Nathalie Janson, Professeur d'économie à Neoma Business School.
"Il serait bien qu'il y ait de la consommation en Europe. Il faudrait que dans les pays qui peuvent se permettre de faire de la croissance, de la consommation, c'est-à-dire des pays qui auraient des comptes publics assez équilibrés et des excédents de balance courante, la consommation reparte", dit M. Barbet dans une allusion claire à l'Allemagne.
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